Le parti le plus franchement à droite de l’échiquier politique a voulu se racheter une conduite ou plutôt se poser en parti de système tout à fait respectable, dans l’«affaire Joe Thein ». En effet, en radiant purement et simplement du parti l’un de ses membres les plus médiatiques, l’ADR a forcément fait dans la communication. A l’horizon des communales d’octobre prochain et des législatives de 2018, le parti a pris la (juste) décision de virer celui que l’on pourrait qualifier de « plus mauvais ambassadeur du parti».
Parce qu’approuver des menaces de mort dirigées vers le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, est franchement lamentable mais en même temps très révélateur de la vision politique de l’intéressé. Joe Thein s’est donc fait légitimement punir, lui qui allait probablement être un fardeau pour son parti, en prévision de ses futures campagnes électorales. Même si l’expression veut qu’ « il faut de tout pour faire un monde », les Luxembourgeois, dans leur grande majorité, se passeront volontiers de ce personnage sur les affiches électorales qui fleuriront un peu partout dans le Grand-Duché.
Car en cultivant cette image de digne héritier de la plus sombre période du 20e siècle, le garçon pourrait inévitablement rappeler de sinistres souvenirs et retourner le couteau dans la plaie de certains des plus anciens électeurs. A l’heure où le Grand-Duché veut plus que jamais séduire à l’étranger, prouver son ouverture d’esprit et son multiculturalisme, une telle candidature politique pourrait faire légèrement tâche. N’en déplaisent à ceux qui rêveraient d’un Luxembourg sans non-Luxembourgeois. S’il est tout à fait légitime de vouloir défendre ses origines, sa langue et sa culture, on se passerait bien des propos de ce genre de personnages. Au sein même du parti, certaines voix se sont élevées pour exclure cet intrus.
Et sur ce point, chapeau aux cadres du parti qui ont su réagir avec vélocité en se réunissant et en actant l’exclusion de Joe Thein. Car si l’on peut dire ce que l’on veut sur l’ADR, l’apprécier ou pas, il n’en reste pas moins un parti qui a trois élus à la Chambre des députés. Ce qui en fait tout de même le 2e parti d’opposition, après le CSV. Et cela sans avoir besoin des services de son désormais ex-membre, apparemment nostalgique de l’assassinat de JFK.
Claude Damiani (cdamiani@lequotidien.lu)