Chaque jour, près de 300 milliards de mails sont échangés à travers la planète. Pour arriver à leurs destinataires, nos courriels parcourent des dizaines de milliers de kilomètres de câbles et transitent par des data centers qui font à la fois office de «gare de triage» et de lieu de conservation. Il en va ainsi de toutes les données échangées sur le net. Les millions d’ordinateurs et de serveurs installés dans les data centers ne fonctionnent pas à l’eau claire : ils consomment de l’électricité, beaucoup d’électricité. Doublement même, puisque outre leur alimentation, il faut les refroidir avec de puissants climatiseurs. En cas de surchauffe, ils génèrent des erreurs ou se mettent à l’arrêt.
Sachant qu’un gros data center consomme l’équivalent d’une ville occidentale de 100 000 habitants, de nombreux opérateurs les installent dans des régions septentrionales comme les pays scandinaves, près du cercle arctique. «Si on compte les data centers et les réseaux de connexions, internet serait le sixième pays le plus consommateur d’électricité», note Greenpeace. Alors que le trafic a été multiplié par cinq depuis 2010 et que la moitié de la population mondiale n’a pas encore accès au réseau, les centres de données vont proliférer dans les années à venir.
L’un des gros opérateurs du moment est Google qui possèderait un million de serveurs. Et le géant américain du net ne va pas s’arrêter là, comme en témoigne son projet de gigantesque data center au Luxembourg dans lequel il prévoit d’investir un milliard d’euros. Le Premier ministre et le ministre de l’Économie se coupent en quatre pour convaincre le champion des moteurs de recherche de s’établir au Grand-Duché, avec l’ambition de faire du pays un acteur majeur des data centers.
Mais ils ne précisent pas d’où viendra l’énergie pour les faire tourner. De Cattenom ou d’une centrale nucléaire belge dont ils exigent la fermeture ? Et qu’en est-il des engagements de la COP21 sur une meilleure maîtrise énergétique ? Toujours prompte à verdir son discours, le gouvernement se garde bien d’expliquer comment le pays fera face à l’abîme énergétique que représentent les data centers.
Fabien Grasser
Donc, si on vous suit, il est préférable que Google aille investir son milliard ailleurs…