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La solitude de la chancelière

La chancelière allemande, Angela Merkel, la «mère Angela» des réfugiés, semble malheureusement avoir perdu son pari. Elle comptait sur la solidarité européenne pour faire face à l’afflux de ces personnes fuyant la guerre et la misère, il n’en sera rien. Le sommet européen de Bruxelles de demain et vendredi représente sa dernière chance, et elle est bien mince. Elle aurait pourtant dû être échaudée par la crise grecque – où on l’a vue faire preuve d’une furieuse intransigeance – qui a démontré que la solidarité n’était pas une valeur très en vogue sur le continent actuellement.

Il n’y aura pas, sauf retournement de situation, de quotas d’accueil obligatoires au sein de l’UE. Les États membres ont déjà toutes les peines du monde à appliquer l’accord de 2015 portant sur 160 000 réfugiés. Pourtant, la chancelière compte sur ces contingents ainsi que sur la lutte contre les passeurs en Turquie et l’amélioration des conditions de vie dans les camps de Syriens en Turquie, au Liban et en Jordanie pour juguler l’afflux migratoire.

«Un continent de 500 millions de citoyennes et citoyens ne peut pas voir ses fondements ébranlés et capituler face à 1,5 ou 2 millions de réfugiés», s’est exclamée la ministre de la Défense allemande, Ursula von der Leyen. Eh bien si. La libre circulation et l’unité européenne sont réellement menacées. L’Autriche a annoncé, hier, l’introduction de contrôles généralisés à ses frontières avec l’Italie, la Slovénie et la Hongrie, un nouveau coup dur pour les accords de Schengen. Les États d’Europe de l’Est souhaitent fermer la route des Balkans aux demandeurs d’asile avec le risque de voir la Grèce se retrouver exclue de Schengen.

La chancelière est actuellement en quête d’alliés et cherche des pays «volontaires» qui pourraient accepter de se répartir plus de réfugiés. Mais, critiquée à l’Est, Merkel n’a pas trouvé beaucoup de soutiens à l’Ouest : ce week-end à Munich, Manuel Valls a averti que la France (qui est très loin d’avoir honoré son engagement d’accueillir 30 000 réfugiés) n’était pas «favorable» à un mécanisme de répartition et que l’Europe ne pouvait «pas accueillir plus de réfugiés», selon lui…

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)