Le vice-président du Front National, Florian Philippot, s’est cru malin ce week-end en venant poser une gerbe de fleurs à Schengen, pour sceller définitivement la fin proche des accords du même nom.
Comme lui a fait remarquer un élu luxembourgeois, c’est bien grâce à Schengen qu’il s’est rendu aussi facilement au Grand-Duché pour cette mascarade médiatique. Il faut dire que les accords fondateurs de l’Union Européenne sont mis à mal actuellement dans le cadre de ce que les médias appellent communément «la crise des migrants». L’Allemagne et l’Autriche sont débordés, la Hongrie voudrait vivre en autarcie et la Croatie a du mal à juguler cette arrivée massive de réfugiés déboutés de leur route vers l’eldorado allemand.
Si Schengen n’a plus lieu d’être, cela veut dire laisser à leur sort des pays comme la Grèce et l’Italie qui ont porté jusque là un très lourd fardeau dans cette crise. C’est oublier toute la notion de solidarité qui a consolidé les bases de l’idéal européen.
La Commission européenne, Angela Merkel, ont demandé à appliquer des quotas. Et quoiqu’en dise monsieur Orban et ses amis populistes de tout poil, c’est aussi ça la solidarité, quelque soit la religion des personnes assistées.
En attendant de sortir de cette crise en trouvant une solution politique, en travaillant avec des pays comme la Turquie pour démanteler les réseaux lucratifs des passeurs, il va falloir gérer tous ces réfugiés. Traiter leur dossier, leur donner ou pas un statut pour avancer. La situation économique n’est pas idéale mais l’Europe peut le faire.
Nous sommes là en train de pinailler pour quelques réfugiés, quand des pays comme la Turquie ou le Liban en accueillent trois fois plus sans broncher. Peut-être devra-t-on en effet expliquer aux pays les plus récalcitrants que l’Europe ce n’est pas seulement amasser des aides, sans contrepartie.
Si certains pays ou régions se trouvent sous un afflux massif de réfugiés, c’est la catastrophe assurée. Si ils sont répartis équitablement et intelligemment, l’Europe s’en relèvera à coup sûr.
Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)