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La soif du pouvoir

L’affaire Knaff est encore venue confirmer qu’un politicien luxembourgeois est quasiment indéboulonnable. Dérapage en public d’un ministre, soupçonné d’avoir agressé une collaboratrice ? Un petit rappel à l’ordre du Premier ministre et l’affaire est classée. Une députée-maire qui remet ouvertement en cause l’indépendance de la justice ? Elle persiste sans être inquiétée. Une députée-échevine qui se vante de «nourrir» des mendiants tels des animaux ? De plates excuses et on repart. Et, maintenant, un échevin et ex-député condamné pour fraude fiscale aggravée ? Aucun lien avec son mandat politique, et donc pas de raison de démissionner.

Cette énumération ne concerne que des mandataires du DP : Claude Meisch, Lydie Polfer, Simone Beissel et Pim Knaff. Mais le CSV n’est pas en reste, avec un ministre avançant de fausses vérités pour justifier sa politique répressive. Un mea-culpa et on relance la chasse aux mendiants. Un député-maire accuse des migrants, arrivés au pays, selon lui, grâce à une politique trop laxiste, d’avoir décapité des poules. Même indignation, même résultat. Léon Gloden et Marc Lies sont toujours solidement installés dans leurs sièges respectifs.

La liste n’est pas exhaustive, mais tous ces faits se sont produits depuis le début de la nouvelle législature en octobre dernier. Le CSV et le DP ne sont certainement pas les seuls à compter dans leurs rangs des responsables politiques qui ne se montrent pas toujours dignes de leur fonction. On pense notamment à des élus de l’ADR. Mais, pour le reste, l’opposition formée par le LSAP, déi Lénk et le Parti pirate semble crédible dans ses critiques. Le même constat vaut pour déi gréng, du moins jusqu’à présent. Dos au mur, la ministre verte de l’Environnement Carole Dieschbourg avait fini par se mettre en retrait en avril 2022. Aujourd’hui, la section locale du parti décide, avec le CSV, de continuer à soutenir Pim Knaff, en dépit d’une condamnation qui remet en cause l’honorabilité de l’échevin libéral et la crédibilité de la coalition au pouvoir à Esch-sur-Alzette.

Visiblement, la soif du pouvoir est plus importante que les principes éthiques. Triste constat à un moment où les partis populistes et d’extrême droite gagnent du terrain partout en Europe.