Il était 16h, jeudi, quand Brendan Cox a partagé, sur son compte Twitter, la photographie d’une jeune femme rayonnante, baignée dans le soleil du nord de l’Angleterre. À cet instant, cette jeune femme, son épouse Jo Cox, venait de mourir.
— Brendan Cox (@MrBrendanCox) 16 juin 2016
Élue par le peuple anglais, la députée a succombé aux blessures infligées par un fou. Pas de Dieu. Un homme qui reprochait à cette mère de famille de défendre l’idée d’une Europe unie et forte, en pleine campagne pour ou contre la sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni. Mourir pour ses idées, chantait Georges Brassens. Mais pas comme ça, sous les coups d’un imbécile capable du pire.
C’est la saison des fous. Elle est de plus en plus longue et n’est pas monolithique. Ici, il n’est pas question d’un crime revendiqué par Daech et son prisme déformant de l’Islam. Il s’agit d’un coup de folie sur un sujet qui, à trop enflammer le Royaume-Uni, a fini par faire sa première victime.
Il faut remonter à 1990 pour trouver trace d’un parlementaire britannique assassiné. Un autre temps, celui de l’Armée républicaine irlandaise et de ses bombes dévastatrices.
Le monde perd la raison, chaque jour un peu plus, et le recours à la violence se systématise, dans un contexte qui la banalise. L’accès aux armes, aux images violentes, le sempiternel flot de souffrances semblent donner du courage à ceux qui n’en ont pas, qui s’idéalisent en justiciers quand ils ne sont que des âmes perdues.
Jeudi, le Brexit a été marqué au fer rouge de la folie humaine. Impossible de dire si cette violence aura un impact sur le scrutin, à l’heure où la campagne des «in» et des «out» est suspendue. Mais cela a-t-il encore de l’importance ? Car le nom de Jo Cox est maintenant définitivement lié à ce Brexit qui divise un pays tout entier. Le jeudi 23 juin, les Britanniques se rendront aux urnes pour choisir le destin de leur pays. Ils auront en tête le visage de cette jeune femme rayonnante, baignée dans le soleil du nord de l’Angleterre.
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)