La récente polémique sur le caractère choquant de la dernière campagne de prévention de la Sécurité routière, «Trop vite, vite mort», a permis de faire ressortir un graphique analysant les trois principaux facteurs présumés (vitesse, non-respect des priorités et alcool) à l’origine d’accidents avec tués et blessés graves par classe d’âge au Luxembourg.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les clichés apparaissent criants de vérité. En effet, le graphique en question montre qu’en prenant de l’âge, les automobilistes roulent moins vite puisque dès qu’ils ont passé la quarantaine, le facteur «vitesse» tombe en dessous des 20% comme cause d’accidents mortels.
Par contre, toujours selon ce graphique, plus l’on prend de l’âge (à partir de 45 ans) et plus le facteur «priorité» est important dans les causes d’accidents mortels. Il faut donc comprendre que plus le temps passe et plus l’automobiliste est sûr de lui, oubliant ainsi les règles élémentaires du code de la route comme les priorités à droite. On peut aussi supposer qu’avec les années, le véhicule des automobilistes devient un peu plus imposant, laissant croire au conducteur qu’il est en possession d’un «laisser-passer» sur le bitume.
Concernant l’alcool, le graphe est plus complexe, mais fait la part belle aux clichés. Ainsi, jusque 35 ans, entre 17% et 22% des accidents mortels sont imputables à la consommation d’alcool. Après 35 ans, l’automobiliste semble ralentir sur la combinaison «alcool + volant», et ce, jusqu’à l’âge de la retraite. Et là, la combinaison mortelle repart à la hausse pour atteindre 12%, soit presque autant que les jeunes ayant la vingtaine. Bizarrement, à la retraite, l’automobiliste décide également d’appuyer sur le champignon, sans doute le besoin de retrouver une seconde jeunesse.
Les clichés ont la peau dure, et on ne cesse d’expliquer qu’il ne faut pas tomber dans ce piège. Pourtant, sans même jouer avec les chiffres (la magie des statistiques est parfois trompeuse), en regardant ce graphique et en se remémorant nos expériences sur la route, on ne peut qu’avouer la réalité effroyable de ces clichés. Le plus troublant, c’est que pour mettre à mal ces stéréotypes, ce sont nos comportements sur la route qu’il faut radicalement changer.
Jeremy Zabatta (jzabatta@lequotidien.lu)