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La réputation de « BO » ternie ?

Le fait divers qui s’est produit mercredi en plein cœur de Bonnevoie (ou «BO» comme l’appellent les jeunes du quartier) n’aura certainement pas laissé l’une des images les plus lisses et avantageuses de cette partie de la capitale, connue depuis toujours pour sa forte communauté immigrée et sa mixité culturelle et sociale.

En effet, le nom de Bonnevoie, ou Bouneweg en luxembourgeois, a toujours eu une connotation étrangère. Selon la majorité de ses habitants, notamment d’origine italienne, son nom viendrait d’ailleurs des Romains, qui avaient baptisé ce lieu «Bona Via», tandis que des historiens estiment que son nom vient de «Bonus Vicus».

Quoi qu’il en soit, et malgré sa réputation, parfois injuste, de quartier chaud, à côté de celui de Luxembourg-Gare, «BO» s’avère être un morceau de la capitale où il fait bon vivre et où ses habitants, qu’ils soient d’origine portugaise, italienne, cap-verdienne, ex-yougoslave ou autres, vivent généralement en parfaite harmonie et dans le plus grand respect de leurs communautés respectives. Il suffit d’aller se détendre sur l’une des terrasses d’un café du quartier pour s’en rendre compte : jeunes et moins jeunes, de toutes les nationalités, Luxembourgeois y compris, cohabitent simplement, sans s’invectiver. Cela s’appelle la tolérance.

Au-delà de ce «plaidoyer pro-BO», ce genre de fait divers aurait pu se produire dans n’importe quel quartier, ville et même village, que ce soit au Grand-Duché ou ailleurs. Car, malheureusement, il existe une certaine tendance croissante, et d’ailleurs régulièrement dénoncée par les forces de l’ordre elles-mêmes, à réfuter l’autorité symbolisée par l’uniforme. Sans vouloir prétendre connaître les tenants et les aboutissants exacts du déroulement de ce tragique fait divers (et dans l’esprit de vouloir respecter le deuil des proches de la victime), une chose est néanmoins certaine : cette scène ne devra pas ternir l’image d’un quartier tout entier, car «BO» est un quartier où l’on aime la vie, loin de cette image de far-west qu’on aurait pu erronément lui prêter, ces dernières heures, comme ce fut le cas, de par le passé.

Claude Damiani