« L’accord avec la Turquie n’est pas la solution. Certainement pas. » C’est avec ces quelques mots que le Premier ministre, Xavier Bettel, avait, lors de sa récente déclaration sur l’état de la Nation, fait part de ses réserves sur la solution choisie par l’Union européenne pour mieux maîtriser la crise des réfugiés. Depuis l’entrée en vigueur de cet accord qui prévoit le renvoi en Turquie de chaque réfugié qui accède illégalement dans l’espace Schengen, les dirigeants européens ne semblent plus trop se préoccuper du sort des réfugiés.
Le fait que le flux des réfugiés passant par la Grèce pour rejoindre l’Europe a fortement diminué ces dernières semaines ne peut et ne doit pas cacher que l’urgence humanitaire reste importante. Comme on pouvait le craindre, les passages très risqués par la Méditerranée sont à nouveau en forte augmentation. Non, l’accord avec la Turquie n’est pas la solution. Il n’a fait que déplacer le problème. Les espoirs de stopper les flux migratoires aux frontières extérieures de l’UE étaient faux dès le départ.
Autre conséquence de cet accord : l’UE a placé en position de force le très contesté président turc, Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier continue d’insister sur l’exemption de visas pour ses citoyens voulant se rendre dans l’espace Schengen afin de continuer à respecter l’accord sur les réfugiés. Vendredi, il a souligné ne pas vouloir céder à toutes les exigences de l’UE pour parvenir à son but. Il n’est donc pas à exclure de voir l’accord sur les réfugiés voler en éclats dans quelques semaines.
En attendant, la politique d’isolement de certains pays de l’UE se poursuit. Les leçons du passé ne semblent pas avoir d’effet. Désormais, l’Autriche compte bloquer sa frontière avec l’Italie par crainte d’un afflux trop massif de réfugiés. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, redoute une «catastrophe politique». Les mots sont forts, mais le problème reste que la Commission est toujours fortement freinée par les États membres pour enfin parvenir à une solution européenne équitable de la crise des réfugiés.
David Marques (dmarques@lequotidien.lu)