Fumée blanche sur Berlin. À minuit pile, lundi dernier, près de 1 500 personnes ont allumé un joint devant la porte de Brandebourg. Elles étaient venues célébrer l’entrée en vigueur très attendue de la légalisation du cannabis récréatif en date du 1er avril.
Notre grand voisin d’outre-Moselle a fini par imiter le Grand-Duché, où la culture de cannabis privée est autorisée depuis juillet 2023. Les consommateurs luxembourgeois ne disposent toutefois pas des mêmes libertés que leurs homologues allemands. Fumer son joint en public reste strictement interdit au pied de la Gëlle Fra, sur la place d’Armes ou dans tout autre lieu public. Il faut rester confiné entre ses propres quatre murs, sans pouvoir inviter des amis pour faire tourner le joint. C’est du moins ce que prévoit la loi. Mais comme l’ont déjà fait remarquer les autorités judiciaires dans le processus législatif, il est quasiment impossible pour la police de contrôler si les cultivateurs d’herbe respectent toutes les restrictions légales, que ce soit la limite de quatre plants autorisés par ménage ou la consommation strictement personnelle, d’ailleurs réservée aux seuls majeurs. Sans parler du «trafic» de cannabis qui pourrait naître entre potes ou collègues de travail, résidents ou frontaliers. De plus, si jamais un policier interpelle dans la rue un individu en possession de cannabis, la seule procédure pour constater qu’il ne s’agit pas de plus des 25 grammes pouvant être transportés en public est lourde et complexe. Tous les agents seront-ils équipés de balance?
La police et la justice allemandes dénoncent la même lourdeur et complexité qui, outre-Moselle, prennent toutefois une autre dimension qu’au Luxembourg. Des milliers de peines (prison ou amendes) prononcées avant le 1er avril, dont l’exécution est encore en cours, doivent être réévalués en raison de la légalisation du cannabis. Les enquêteurs et juges risquent d’être submergés dans les mois à venir par ce genre de dossiers.
Le contrôle, à l’aide d’un mètre, pour savoir si les consommateurs respectent la distance minimale avec une école ou un hôpital, devient presque anecdotique. Il n’en reste pas moins que la police est enfumée, en Allemagne, mais aussi au Luxembourg.