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La peur du français

Cher ADR, oui, j’écris en français! Et ce, même si j’ai été alphabétisée en allemand au début des années 1980 comme tous les enfants d’origine étrangère. C’était loin d’être une partie de plaisir. Toute ma scolarité, j’ai traîné cette langue comme un boulet, de cours de rattrapage en professeurs particuliers, sans jamais parvenir à la maîtriser. Comme beaucoup de mes camarades pourtant pas des cancres, loin de là. Cela ne nous a pas empêchés de poursuivre des études supérieures et de devenir de parfaits Luxembourgeois bien intégrés, maîtrisant la langue aussi bien que nos langues maternelles respectives ainsi qu’au fait de la culture et des traditions luxembourgeoises.  

Ne vous inquiétez pas, le but n’est pas d’éradiquer un peuple, c’est d’en accueillir d’autres. De les faire se sentir bienvenus et leur donner l’envie de s’intégrer. Monsieur Keup, vous vous plaignez que dans la sacro-sainte fonction publique, on engage des francophones. Scandale! Et si le francophone retenu pour un poste particulier était juste le meilleur candidat? Après la discrimination à l’école, la discrimination à l’emploi! Vous dites également que «nous perdons notre plurilinguisme». À ce que je sache, l’alphabétisation en français n’est pas incompatible avec l’apprentissage d’autres langues, luxembourgeois inclus, durant la scolarité. Idem pour l’embauche de francophones. Cela ne nous empêche pas, nous Luxembourgeois, de basculer sans problème d’une langue à l’autre. Où me trompé-je?  

Peut-être existe-t-il, chez les Luxembourgeois comme chez les francophones, des personnes un peu moins douées pour certaines langues?

Moi, j’avais des parents, des grands-parents et des arrière-grands-parents qui avaient appris l’allemand, parlaient luxembourgeois et pouvaient m’aider. Je n’ose imaginer les difficultés rencontrées par les familles fraîchement débarquées d’un pays de culture latine. Je pense que si nous avions, à l’époque, pu choisir notre langue d’alphabétisation, nous aurions été d’encore meilleurs élèves, plus sûrs de nous. Ce qui ne nous aurait pas empêchés de jouer en luxembourgeois comme nous le faisions et de chanter des chansons allemandes, portugaises ou italiennes.

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