La « nouvelle » démocratie

Une élection n’est pas l’autre. Mais le récent scrutin européen permet de déceler une tendance qui illustre une évolution de l’électorat.

Il y a deux ans, le CSV était sorti en 2017 grand vainqueur des élections sur le plan local. Ce résultat ne s’est pas confirmé lors des élections nationales de 2018. Le camp chrétien-social est cependant arrivé en tête en nombre de voix dans la grande majorité des communes du pays. Seul le DP lui a fait concurrence au Centre. Le LSAP a eu le plus grand mal à défendre certains fiefs. Déi Gréng, pourtant grands vainqueurs des législatives, n’ont remporté aucune commune.

Si cette carte garde donc une valeur limitée, il est intéressant de constater le net recul du CSV aux européennes. Le parti est principalement resté majoritaire dans le nord et l’est du pays. Le DP a lui réussi à élargir sa mainmise dans le Centre pour finir une première fois en tête du scrutin. Cette fois, déi gréng ont conquis neuf communes, tandis que le LSAP est resté scotché à quatre. En 2013, le CSV avait encore tout raflé.

Même s’il faut rester prudent, il n’est certainement pas faux d’affirmer que l’électorat chrétien-social, souvent âgé, reste principalement ancré dans les zones rurales. Le grand défi du nouveau président Frank Engel sera de rendre son parti, parfois archaïque, plus jeune et dynamique. Dans ce contexte, le vent de fraîcheur qu’a fait souffler, bon gré mal gré, la liste inédite du CSV aux européennes, devra se poursuivre. Pour l’instant, sur les 21 députés du CSV, seuls les anciens continuent à se mettre en avant.

Le DP confirme, lui, son assise dans et autour de la capitale. Il s’agit d’une solide base pour les années à venir. Déi Gréng continuent de surfer sur leur vague, mais ils devront confirmer la confiance accordée par les jeunes électeurs. Le LSAP continue lui à s’écrouler. Le seul renouvellement, prôné depuis des mois, ne sera pas suffisant.

Rien n’est cependant acquis, ni pour les uns, ni pour les autres. C’est finalement ce qui fait la beauté de la «nouvelle» démocratie luxembourgeoise, libérée du «surparti» que fut longtemps le CSV.

David Marques