La rentrée politique n’a plus été aussi mouvementée depuis 2013. Dans la foulée du séisme politique majeur déclenché par la chute du perpétuel Premier ministre, Jean-Claude Juncker, s’était engagée une campagne électorale hors du commun. En coulisses se préparait ce que bon nombre d’électeurs (et membres) du CSV n’avaient jamais pensé possible : la formation d’une coalition tricolore (DP, LSAP, déi gréng), écartant le Parti chrétien-social du pouvoir.
Au plus tard depuis vendredi et la révélation d’«offres» que des intermédiaires «hautement placés» du CSV ont soumises tour à tour au DP et au LSAP pour former une nouvelle coalition gouvernementale, il est devenu évident que la frustration de 2013 – encore renforcée par la claque électorale de 2018 – n’est toujours pas évacuée au CSV.
On pensait pourtant le parti historique enfin solidement installé dans son rôle de leader de l’opposition. La manœuvre imprudente visant à forcer un retour au pouvoir par une porte dérobée fait tache. La formation emmenée par Martine Hansen et Frank Engel a perdu pas mal de crédit.
Sur le coup, le CSV s’est clairement fait piéger. Les partis de la majorité, qui continuent de clamer leur unité, n’en demandaient pas tant pour s’offrir un bol d’air. La déclaration sur l’état de la Nation du Premier ministre, Xavier Bettel, va servir de toile de fond à un affrontement des titans politiques.
Le piège dans lequel est tombée la ministre de l’Environnement n’est pas à oublier pour autant. Carole Dieschbourg a sous-estimé le caractère casse-cou du dossier Traversini. Le fait de devoir statuer sur une autorisation de rénovation d’une cabane située en pleine zone verte, le tout dans un climat déjà tendu, aurait dû conduire la ministre à faire preuve de plus de prudence. Aujourd’hui, le mal est fait et les reproches d’un traitement de faveur accordé à un collègue de parti ne sont pas écartés.
À la veille de la rentrée parlementaire, la nation se retrouve donc dans tous ses états. Il reste à savoir qui sortira renforcé d’une semaine qui s’annonce explosive.
David Marques