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La mort en direct

Des coups de poing donnés à l’improviste par derrière, des étranglements, des humiliations, des insultes… Cette semaine, la mort d’un streameur diffusant des vidéos avec ses acolytes tortionnaires a provoqué un choc en France. Jean Pormanove, de son vrai nom Raphaël Graven, est décédé dans son sommeil du côté de Nice lors d’un marathon de stream. Selon l’autopsie pratiquée sur cet homme né à Woippy, il n’est pas mort des sévices qu’il a subis et qui ont tous été filmés devant des centaines, des milliers de spectateurs. Mais, une enquête est néanmoins en cours et les personnes qui l’entouraient au moment des faits devront sûrement répondre à quelques questions des enquêteurs. 

La triste affaire a en tout cas dévoilé une nouvelle facette bien sombre d’internet (et de notre société) pour bon nombre d’entre nous. Nous savions tous que ce réseau mondial pouvait servir à diffuser de terribles horreurs. Encore fallait-il chercher un peu. Là, les actes de violence dont a été victime Jean Pormanove ont été diffusés sur une plateforme bien connue du grand public. L’entreprise qui la gère a pignon sur rue, pas la peine de se cacher dans les ténèbres d’un darknet pour aider à diffuser ce type de programme où les spectateurs payent pour inciter les participants à commettre des actes de plus en plus brutaux. L’argent n’a pas d’odeur pour la plateforme Kick qui ne s’embarrasse pas de modération ou de vérifications. Des euros vite gagnés en quelques clics. Tant pis pour les streameurs ou les spectateurs.

Ce qui est également choquant, c’est l’impuissance des pouvoirs publics. Ministres français ou élus outrés ont défilé devant les caméras pour exprimer leur dégoût. Sans bouger le petit doigt. Quand est-ce que la fin de l’impunité aura lieu? Ne peut-on pas interdire cette plateforme tout simplement? On connaît déjà l’argument des patrons punis : on attaque la liberté d’expression. Cette rengaine grotesque est toujours utilisée pour diffuser les pires horreurs et permettent à ces entreprises d’estimer qu’elles sont au-dessus des lois. Il suffit de surfer sur des réseaux sociaux bien connus pour avoir parfois la nausée. Il est grand temps de faire le ménage.