Il était difficile, lundi soir, de déterminer les circonstances exactes dans lesquelles a eu lieu l’attentat au camion perpétré contre un marché de Noël à Berlin. Tout comme il était impossible de connaître précisément les mobiles des auteurs de l’attaque et leur éventuelle relation avec un groupe terroriste.
Impossible en revanche de ne pas faire le parallèle avec l’attentat survenu le 14 juillet à Nice. Tout comme sur la Côte d’Azur, les artisans de ce carnage ont choisi un lieu hautement symbolique, un marché de Noël du centre de la capitale allemande, à une date également symbolique, à cinq jours de Noël. Et tout comme à Nice, la polémique sur les mesures de sécurité entourant la protection du lieu va nourrir le débat.
Si personne n’évoquait dans l’immédiat la piste islamiste, elle était dans tous les esprits après les attentats commis en 2015 en France par l’État islamique et Al-Qaïda. Le parti d’extrême droite AfD mais aussi une fraction du CDU et du CSU ont ces derniers mois installé dans l’opinion publique allemande l’idée que l’accueil de plus d’un million de réfugiés de guerre du Moyen-Orient constitue une menace, laissant absurdement penser que les victimes de la terreur islamiste sont des islamistes en puissance. C’est sans attendre et sans pudeur que Marcus Pretzell, un élu de l’AfD, en a fait ses choux gras, considérant sur Twitter que les morts de Berlin sont les «morts de Merkel», fustigeant l’attentisme des médias appelant lundi soir à ne pas tirer de conclusions hâtives.
Ces raccourcis divisent l’opinion publique avec une redoutable efficacité. C’est précisément le but des commanditaires de ces attaques, alors que le débat politique entre dans le vif d’une année électorale. Dans ce sens, l’extrême droite et les islamistes se nourrissent les uns les autres. Pourtant, les évènements de Nice sont aussi là pour nous rappeler qu’en l’état actuel des investigations, le lien entre l’attentat et l’État islamique, qui l’avait revendiqué, est inexistant, si ce n’était dans l’esprit malade du conducteur du camion. Mais la réalité des faits importe aussi peu à l’extrême droite que la gloire de Dieu importe aux islamistes. Leur but est de faire main basse sur le pouvoir en attisant la haine et en affaiblissant la démocratie qu’ils honnissent pareillement.
Fabien Grasser
On peut penser ce qu’on veut des AfD qui se font lyncher systématiquement par les médias officiels allemands dès qu’ils ouvrent la bouche. Que dire des tout-puissants « Grüne » qui ont refusé d’entériner le projet de renvoyer systématiquement les Mahgrébins reconnus coupables de crimes chez eux. A l’instant, ils sont en train de chanter « We are the World » avec les réfugiés qu’ils ont trouvé dans le coin devant la Gedenkniskirche à Berlin.Où est la vraie responsabilité ? Pas un mot là-dessus bien sûr.