Accueil | Editoriaux | La marche n’est pas terminée

La marche n’est pas terminée

Le temps des élections est passé en France. Enfin. Le mouvement La République en marche du nouveau président Emmanuel Macron était crédité, hier soir, selon les projections, d’une large majorité à l’Assemblée nationale. Ce sont ces nouveaux députés, parfois novices en politique, qui vont devoir porter la lourde charge du programme électoral du chef d’État français, du Premier ministre et de son gouvernement. Et ce ne sont pas les défis qui manquent chez nos voisins.

Le premier, et non des moindres, sera la nouvelle «loi travail». Oui, un nouveau texte pour succéder à la loi El-Khomri qui avait provoqué de février à juin 2016 de nombreuses manifestations à travers le pays. La contestation avait «contaminé» l’Assemblée nationale décidant le Premier ministre socialiste Manuel Valls à dégainer le fameux article 49.3 pour faire adopter le texte en première lecture… sans passer par un vote qui risquait d’être défavorable. Aujourd’hui, une nouvelle loi est en cours d’écriture. La large majorité à l’Assemblée nationale élue dimanche peut rassurer l’exécutif… mais il y a peu de chance pour que les rues françaises ne soient pas à nouveau envahies de banderoles et de slogans assassins. Sécurité, terrorisme, impôts, salaires, attractivité des entreprises, pouvoir d’achat… L’attente des Français est immense, au moins autant que leur impatience. Les nouveaux venus resteront-ils en rangs serrés dans l’hémicycle ou y a-t-il un risque de désagrégation en cas de revers successifs au fil des mois?

Et comment aborder tous ces dossiers si importants quand les deux scrutins, présidentiels et législatifs, ont dévoilé des taux d’abstention record et inquiétants? Ces chiffres font légèrement pâlir l’étincelante victoire de la République en marche. C’est en tout cas une preuve que le temps de convaincre n’est pas encore passé. Heureusement, le président Emmanuel Macron est toujours prolixe quand il s’agit d’expliquer sa méthode et ses projets. Nous verrons si l’enthousiasme de sa République en marche ne se fracasse pas contre la colère tenace d’une partie des Français.

Laurent Duraisin (lduraisin@lequotidien.lu)