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La haine est plus forte

Le Premier ministre français, Manuel Valls, ne cesse ces derniers jours de multiplier les attaques contre le Front national (FN), le parti d’extrême droite de Marine Le Pen.

Mais ses cris d’orfraie devant la possibilité de voir la fille de Jean-Marie Le Pen accéder à la fonction suprême en 2017 laissent un goût amer. En effet, une grande partie du succès électoral du FN repose sur le rejet et même la haine que peuvent susciter les deux grands partis qui se partagent le pouvoir depuis des décennies en France, à savoir le Parti socialiste (PS) de Valls et l’UMP de Nicolas Sarkozy.

Car la majeure partie des électeurs du FN ne sont pas de « sales racistes » ni de sombres idiots. Ils savent bien que les solutions prônées par l’extrême droite ne résoudront en rien leurs problèmes quotidiens, que les musulmans ne sont responsables ni de la crise économique ni de la collusion des élites économique et politique. Seulement voilà, les médias français, à force de marteler que le vote FN était un vote protestataire, ont fait de cette affirmation, une réalité. Et face à Marine Le Pen, qui s’appuie sur un corpus idéologique certes nauséabond mais cohérent, que proposent l’UMP et le PS ?

Rien, un vide sidérant. L’idée d’ambitionner un avenir meilleur pour les enfants et les petits-enfants de leurs électeurs ne leur vient même pas à l’esprit. Leur programme tient en une phrase : « Avec nous, ça sera un peu moins pire qu’avec les autres. »

Oh bien sûr, on pourra toujours arguer que le PS multiplie actuellement les réformes pour améliorer « la compétitivité » de la France. Mais ce concept pour le moins obscur apparaît surtout aux yeux des citoyens comme un bon moyen de mettre en pièces leurs droits économiques et sociaux. Le dernier exemple en date n’étant que la fameuse loi Macron. Voir un parti qui se dit socialiste se féliciter de réduire les indemnités des employés en cas de licenciement et libéraliser le travail du dimanche comme solution au chômage de la semaine est tout de même tragique, presque risible.

Malheureusement, le FN semble bien avoir de beaux jours devant lui : la haine est plus forte que le vide.

De notre journaliste Nicolas Klein


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