L’Assemblée nationale française s’est lancée dans une tâche ardue : combattre la haine sur internet. Heureusement, il paraît qu’impossible n’est pas français. Hier, à Paris, les députés ont donc voté l’obligation pour les plateformes internet et moteurs de recherche de retirer en 24 heures les contenus haineux signalés par des utilisateurs. Le texte n’est pas une nouveauté, il est inspiré d’une loi allemande approuvée en 2018.
Désormais, en France, si un réseau social ou un site traîne des pieds pour retirer ce type de contenu honteux, l’amende pourra être salée : jusqu’à 1,25 million d’euros ! Les contenus haineux englobent les textes mais aussi les photos et les vidéos, bien entendu.
Ce grand coup de balai va-t-il marcher ? On verra bien. Cela met en tout cas les grandes plateformes devant leurs responsabilités et c’est déjà une belle avancée. Mais effacer ce type de contenu est plus facile à dire qu’à faire. Souvenons-nous de la tuerie filmée de Christchurch. La vidéo avait été dupliquée des centaines et des centaines de fois sur les réseaux sociaux et diffusée à travers le monde. Les responsables des plateformes ont eu toutes les peines du monde à bannir la vidéo de leurs sites que ce soit avec la fameuse intelligence artificielle détectant les images violentes ou leur armée de petites mains devant effacer les contenus offensants. À peine la vidéo était supprimée, qu’elle réapparaissait à travers un autre compte. Des heures après la tuerie, la vidéo était toujours facilement accessible.
Un autre aspect de la loi chiffonne aussi certains dirigeants de Facebook. Le groupe devra s’échiner à trier ce qui est légal et ce qui ne l’est pas, ce que le géant américain ne veut pas faire seul et dans le délai si court de 24 heures. Un des dirigeants de la firme a même estimé que cela s’apparentait à « une privatisation de la liberté d’expression ». En France, même si la loi a été votée, le débat reste donc largement ouvert. Néanmoins, si les réseaux sociaux avaient dès le début mis les moyens pour combattre efficacement la haine ou la violence sur leurs plateformes peut-être que cette loi et ce débat n’existeraient pas…
Laurent Duraisin