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La haine démasquée

On ne pensait pas que cela pouvait arriver au Luxembourg. Et pourtant si. La manifestation antirestrictions sanitaires a dégénéré, samedi, dans les rues de la capitale. Il s’agissait d’une minorité de protestataires. Mais quels dégâts !

Un nouveau front vient de s’ouvrir pour le gouvernement. Celui de la contestation violente. Une difficulté de plus, alors que les chiffres des contaminations en hausse inquiètent dans le pays et dans toute l’Europe. Mais une difficulté qui révèle ce que nous ressentions tous depuis longtemps déjà : nos sociétés sont de plus en plus polarisées.

La crise du coronavirus semble agir comme un catalyseur, un accélérateur. Ne nous y trompons pas : le coronavirus n’est aussi qu’un prétexte pour ceux qui veulent dynamiter notre modèle démocratique, notre vivre-ensemble. Et le Grand-Duché n’est pas épargné par cette vague nauséabonde malgré ses institutions, son pluralisme, son esprit civique.

Le Luxembourg est aussi une cible de ces groupuscules qui appellent à la violence ou à la désobéissance via les réseaux sociaux et surtout qui attisent les colères en attendant avec gourmandise un affrontement entre «eux» et les «autres».

Qu’attendent tous ceux qui ont usé de la violence et de l’intimidation samedi ? Veulent-ils que l’on baisse les yeux parce qu’ils hurlent dans la rue ? Doit-on accepter que dorénavant ce sont eux qui décident, car ils nous insultent et nous pointent du doigt ? Doit-on passer notre chemin et ne pas protester, car ils cassent des barrières et bousculent des policiers ? Doit-on se taire, car ils viennent sous nos fenêtres nous menacer ?

Non, non, non et encore non. L’ironie de l’histoire est que ces personnes parlent de dictature sanitaire. Mais leurs méthodes ressemblent à celles de groupuscules extrémistes qui ont essaimé dans les funestes mouvements que nous avons connus durant le XXe siècle. Ils sont aujourd’hui dans nos rues. Mais ils sont maintenant démasqués. À nous d’agir, à nous de nous défendre.

D’autres manifestations des antirestrictions sont déjà annoncées. Leurs organisateurs ont plutôt intérêt à faire le ménage dans leurs rangs pour rester audibles et pour surtout garder leur dignité.

Laurent Duraisin