Il ne s’agit pas du premier accrochage entre opposition et majorité. Jeudi soir, les deux camps se sont déchirés au sujet du droit de regard des députés sur les contrats signés par l’État. L’arrêt de la Cour administrative constitue en soi une très bonne nouvelle pour les élus, qui, indépendamment de leur couleur politique, ont pour mission première le contrôle de l’exécutif. Même s’il est tout à fait normal qu’un gouvernement soit soutenu par une majorité d’élus, ces derniers ont raté une occasion de revaloriser l’image de la Chambre et de renforcer le statut du député. La gronde de l’opposition est compréhensible.
Au Luxembourg, le Parlement peine depuis de longues années à s’émanciper. Comme on l’a déjà fait remarquer dans ces colonnes, la situation s’est encore corsée en raison de la très courte majorité (31 sièges) dont dispose le gouvernement tricolore (DP, LSAP, déi gréng). Cette configuration est également malheureuse pour le président de la Chambre. Le libéral Fernand Etgen devrait occuper un rôle d’arbitre. En même temps, sa voix est indispensable pour garantir la majorité lors des votes étriqués, que ce soit sur la loi Covid ou le budget de l’État. L’attitude de l’opposition consistant à faire bloc contre la majorité est davantage à cautionner en relation avec la question budgétaire que par rapport à la question sanitaire, où un CSV connaît entretemps le plus grand mal à trouver une raison de voter contre des mesures qu’il soutient pourtant. Mais il s’agit d’un autre débat.
En fin de compte, tant les élus de la majorité que ceux de l’opposition ne sont pas toujours blancs comme neige. Il en va de même pour le gouvernement. Un manque de respect mutuel est de plus en plus souvent à déceler. Comme évoqué plus haut, la Chambre a toujours eu du mal à s’imposer comme premier pouvoir du pays. Il faut d’autant plus déplorer le fait que les 31 élus de la majorité peinent à quitter les sentiers battus pour soutenir plus souvent des initiatives constructives émanant de l’opposition. Les rares critiques envers le gouvernement émanant du DP, du LSAP ou de déi gréng restent très timides. Toutefois, il faut rappeler que cette situation n’était pas bien différente lorsque des majorités plus largement appuyées étaient à la manœuvre.
David Marques