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La gare «socialiste»

Le LSAP aura vécu jeudi une journée mouvementée, remplie d’émotion, de joie et de fierté. D’abord, Jean Asselborn – un des ténors incontournables du parti – a fait ses adieux à la vie politique active. Ensuite, Nicolas Schmit – une des principales figures du LSAP en Europe – a été confirmé comme tête de liste du PSE, la famille politique européenne des sociaux-démocrates. Il vise désormais la tête de la Commission européenne. On se serait donc cru dans une gare, où se croisent des voyageurs qui arrivent à quai et d’autres qui entament un voyage.

Le pot de Nouvel An du LSAP, organisé jeudi soir, a ainsi pris une autre dimension. Malgré une année super-électorale 2023 plutôt positive, avec notamment un regain de forme dans les communes du Sud, les socialistes ont été obligés de quitter le gouvernement. Le fait d’avoir récolté plus de suffrages mais moins de sièges que le DP, nouveau partenaire de coalition du CSV, a bien été digéré par le camp socialiste.

Quasiment au lendemain des élections législatives du 8 octobre, le LSAP est passé en mode «opposition», avec à la clé un renouvellement de ses rangs. Le choix de Taina Bofferding comme cheffe de fraction en témoigne, tout comme l’arrivée à la Chambre des néodéputées Liz Braz et Claire Delcourt.

Un peu paradoxalement, Jean Asselborn – toujours un des politiciens les plus populaires du pays – a largement contribué à cette évolution qui pourrait s’avérer payante pour le LSAP. Le doyen des ministres des Affaires étrangères de l’UE, très fatigué au bout de 40 ans de carrière politique, avait décidé de ne pas aller siéger à la Chambre.

Apprécié mais aussi détesté pour son franc-parler, Jean Asselborn, aujourd’hui parti pour de bon à la retraite, va cependant soutenir le LSAP, et également Nicolas Schmit, afin de permettre à sa famille politique de figurer parmi les gagnants des élections européennes de début juin. En même temps, l’ancien diplomate en chef se dit décidé à combattre «ceux qui veulent détruire l’UE dans son essence». 

En cas de résultat solide, le LSAP se retrouverait en position de force pour mettre encore davantage la pression sur le nouveau gouvernement CSV-DP. L’opposition contre la très contestée interdiction de la mendicité ne semble être qu’un début…