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La fin du far west digital ?

Qu’est-ce qui n’a souvent aucune valeur à nos yeux et qui, pourtant, vaut de l’or? Quelle est cette chose que nous produisons constamment et qui, pourtant, nous échappe?
C’est la nouvelle mine d’or : nos données privées. Sauf que les prospecteurs qui sévissent dans le far west digital n’ont pas à creuser longtemps : nous alimentons en permanence ce bon filon. Facebook, Snapchat, Instagram et autres réseaux sociaux, mais aussi moteurs de recherche, géolocalisation, caméras de surveillance… Nos faits et gestes sont de plus en plus surveillés, analysés et, surtout, exploités. Parfois, avec notre consentement (peu éclairé), mais souvent, à notre insu. Exemple en Grande-Bretagne : le NHS, le système national de santé britannique, a été surpris en train de vendre à une filiale de Google les données médicales de patients, sans les en informer bien sûr…
La société commence seulement à s’emparer de cette problématique complexe. Autre exemple récent : le bad buzz provoqué par Cambridge Analytica, une société qui est au cœur du scandale sur l’exploitation illégale des données d’utilisateurs de Facebook. La vague d’indignations passée, ce n’est pas pour autant qu’ont été sanctionnés efficacement ces réseaux qui font leur beurre sur notre identité, nos idées, notre vie.
Dans ce contexte, l’entrée en vigueur dans dix jours du nouveau règlement général sur la protection des données (RGPD) est, sur le papier du moins, une révolution. Recueil du consentement, droit à l’oubli, information en cas de violation de données privées… La réforme doit – ENFIN – mieux protéger l’identité numérique des citoyens européens. Sans surprise, ce sont les entreprises qui vont devoir réaliser le gros des efforts pour bouger le curseur vers une exploitation moins frauduleuse des données. Mais même si le texte vise en priorité les entreprises de plus de 250 personnes, qui devront notamment tenir un registre de traitement des données (certains mastodontes devront prévoir quelques data centers spécifiques!), les PME n’échapperont pas pour autant à cette moralisation numérique. Car quelle entreprise, aujourd’hui, n’exploite pas des données personnelles?

Romain Van Dick.