Les mots choisis à l’époque étaient forts : «On nous a volé notre vie d’étudiant.» Polina Bashlay, alors présidente de l’Association des cercles d’étudiants luxembourgeois (ACEL), rendait compte, début janvier 2022, des répercussions des restrictions sanitaires sur les étudiants. Les tests PCR négatifs obligatoires pour pouvoir se rendre dans leur ville universitaire ont finalement bien moins pesé que l’isolement forcé dans leurs logements, avec des cours donnés par visioconférence et une absence totale de vie sociale. Pire encore : certains étudiants qui ont entamé leurs études supérieures à la rentrée 2020/2021 ont parfois dû attendre un an et plus avant de pouvoir enfin mettre un pied dans leur université.
Douze mois plus tard, le covid ne semble plus être qu’un lointain souvenir. La pandémie n’est cependant pas restée sans casse pour le moral des jeunes, mais aussi pour les cercles d’étudiants. Mais selon Ann Bertemes, la nouvelle présidente de l’ACEL, la communauté estudiantine est en train de remonter la pente. L’exercice ne s’annonce toutefois pas aisé.
Les gouvernements successifs au Luxembourg ont compris l’importance d’investir dans les décideurs de demain. Le soutien financier apporté par l’État à ceux qui partent étudier à l’étranger reste important. L’enveloppe supplémentaire de 10 millions d’euros débloquée lors de la tripartite de fin mars 2022 en témoigne. Le message ne semble, par contre, pas encore être tout à fait arrivé auprès du patronat. Alors que les entreprises rencontrent de plus en plus de difficultés à recruter un nombre suffisant de jeunes talents, elles se montrent très réticentes en ce qui concerne les stages rémunérés. La loi qui les prévoit, votée en mai 2020, n’est toujours pas appliquée correctement, comme le déplore l’ACEL.
Vu le contexte de crise actuel, il est compréhensible que des entreprises manquent de moyens pour engager des stagiaires. Sans investissement en amont, il deviendra cependant encore plus difficile de recruter en aval. D’une manière plus générale, la rémunération des jeunes recrues doit être adaptée à leurs besoins. La revalorisation des salaires reste toutefois décriée parmi les patrons. La fin du calvaire pour la jeune génération n’est, donc, pas encore en vue.
N’oublions pas que c’est la vie estudiantine qui forge les adultes décideurs: Non seulement au niveau académique, mais le parauniversitaire a une importance primordiale: Les GAFAMs qui régissent notre monde techno d’aujourd’hui n’existeraient pas sans les bidouillages d’étudiants comme Steve Jobs, etc. certains y trouvent l’amour de leur vie (cf le couple Grand-Ducal) et d’autre l’engagement social durable: Personnellement, je ne serais pas président du CET et de Nemme Mat Eis sans ces expériences!