La fin de la gentille fille

Il y a deux jours, une actrice hollywoodienne a lancé un gros pavé dans la mare. Cette dernière a dénoncé les inégalités de salaire dans le milieu du cinéma.

Même à coup de millions, les femmes semblent être là aussi désavantagées par rapport aux hommes. Comme il s’agit de contrats uniques, difficile de donner comme excuse les fameuses interruptions de carrière ou le sacro-saint équilibre entre vie familiale et vie privée. Alors d’où vient ce déséquilibre en 2015, dans un milieu pourtant pour le moins privilégié ?

C’est l’actrice américaine Jennifer Lawrence qui a publié une lettre ouverte pour dénoncer cet état de fait. Autant dire qu’elle ne court pas après l’argent, elle explique qu’elle a eu bien du mal à l’idée même de négocier, ayant déjà été tellement chanceuse de participer à plusieurs films à succès. Alors, tandis que la femme doute et se demande comment elle va pouvoir exprimer ses desiderata, ses collègues masculins ont eux beaucoup moins de scrupules.

Le fait est qu’une femme qui négocie, qui se bat pour obtenir «plus», est mal vue. Alors que les hommes dans la même position sont simplement déterminés, les femmes sont elles perçues comme des «gamines pourries gâtées». Ce n’est pas l’actrice qui le dit, mais les mails « leakés » de Sony il y a quelques mois dans lesquels on apprend que les actrices qui ont le malheur de négocier – et donc de demander des sommes équivalentes à leurs homologues masculins – agacent les professionnels du secteur. Les clichés ont la vie dure !

Jusqu’à la révélation de ces courriels, les actrices d’Hollywood n’avaient peut-être pas la certitude de se faire avoir, elles en ont désormais la preuve. Et quitte à froisser ces messieurs, Jennifer Lawrence et d’autres ont décidé d’en finir avec une image de «gentille fille» qui est contente avec ce qu’on lui donne. Si se battre et négocier ne correspondent pas aux valeurs «féminines», tant pis, il faut dépasser ces clivages sexistes.

Et ce qui est valable à Hollywood l’est d’autant plus dans tous les autres domaines professionnels.

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)