Longtemps, le Luxembourg a entrevu la possibilité d’accueillir pour ce Tour de France 2017, qui passera aujourd’hui par ici, une arrivée d’étape. Le départ du lendemain se déroulera bien demain à Mondorf-les-Bains, le berceau des frères Schleck.
Esch-sur-Alzette, qui avait raflé départ et arrivée en 2006, dernier passage au pays de la Grande Boucle, habituée historiquement à faire de savoureux détours par ici, s’est fait griller sur la ligne par la désargentée ville des trois frontières, Longwy. La Métropole du fer l’a eu mauvaise, forcément. Pour les organisateurs toujours plus sollicités, les sous-entendus verbaux ne valent pas promesse écrite.
Malgré tout, après un assez long périple de 115 kilomètres, le Tour passera bien par là cet après-midi. Presque par une porte dérobée avant de filer vers la frontière en France pour y faire son entrée. Impossible de bouder ce plaisir de voir défiler sous nos yeux cette entreprise mondiale de spectacle sportif ambulant. Le Tour, filmé depuis cette année en intégralité, qui s’exporte désormais sur toute la planète, reste ce troisième événement mondial suivi sur les cinq continents. Imaginez-vous un morceau de Coupe du monde de foot ou de Jeux olympiques qui s’arrêterait, ne serait-ce que deux heures sous votre fenêtre, sans que vous n’ayez rien ou presque à débourser. Le miracle tient toujours un bon siècle plus tard.
Le Luxembourg, qui par cinq fois a ramené le tricot jaune, comme on dit au pays, a beaucoup donné.
Andy Schleck, dernier vainqueur en date, en témoigne avec l’humilité et la simplicité non affectées des champions dignes de ce nom. Dans le droit fil des Charly Gaul, Nicolas Frantz et François Faber.
Donc le Luxembourg reçoit aussi beaucoup en retour. C’est ça qui force le respect et a forgé la grandeur de l’évènement, fatalement unique. Le Tour doit certes continuer à gérer bien des turpitudes, mais il repousse toujours avec doigté et finesse bien des tourments européens qui minent les politiques. Les chiens aboient, la caravane passe. Le Tour reste la seule fête des voisins qui marche. Indémodable. Anachronique fête des voisins. Donc, on s’incline et on applaudit!
Denis Bastien