Le changement de règne s’est déroulé sans contestation majeure. Les voix réclamant la création d’une république étaient peu audibles. La ferveur populaire était au rendez-vous. Pendant deux jours, le Luxembourg était en effervescence. À première vue, ce moment historique a été dignement fêté.
Et pourtant, il y a une fausse note à retenir : le refus des principaux acteurs – l’État et la Ville de Luxembourg – de communiquer avec une plus grande transparence sur le coût des événements organisés à l’occasion du Trounwiessel. L’argument selon lequel il fallait attendre d’abord les décomptes reste peu crédible. Donner un ordre de grandeur aurait évité la polémique. Les ailes jeunes du LSAP et de déi gréng ont figuré parmi ceux qui sont montés au créneau pour dénoncer le manque de transparence, tout en revendiquant un débat sur le rôle de la monarchie. Les Jonk Sozialisten ont suggéré que le Grand-Duc paie lui-même sa «fiesta». Les Jonk Gréng jugent que les deniers publics qui ont été investis sont du «gaspillage» en ces temps où la pauvreté, le logement et le changement climatique constituent des défis majeurs.
Depuis hier, le pays est fixé. L’État a déboursé 8,6 millions d’euros, dont 7 millions pour la retransmission télévisée et la fête populaire. La Ville de Luxembourg a dépensé 4,9 millions d’euros, dont 4 millions pour le concert au Glacis. Le total, en tenant compte des budgets débloqués par les villes visitées par le nouveau couple grand-ducal, devrait approcher les 14 millions d’euros. Au niveau national, les festivités ont coûté 13 euros par tête d’habitant. Dans la capitale, le montant passe à 36 euros par résident. De trop?
Le débat mérite d’être mené, mais en fin de compte, l’argent investi a profité à la scène culturelle nationale et n’a certainement pas nui à la cohésion sociale. Les finances publiques sont également peu impactées. En 2026, les transferts sociaux de l’État vont se chiffrer à 15 milliards d’euros. Des milliards d’euros sont consacrés à la politique du logement et à la politique climatique. La Maison du Grand-Duc pèsera 26,2 millions d’euros, soit 0,09 % des dépenses globales. Il faut savoir relativiser, sans oublier l’importance de fixer les bonnes priorités pour éviter toute fausse note, sur le fond et sur la forme.