Accueil | Editoriaux | La fable de Rex le chien

La fable de Rex le chien

Rex le chien veut récupérer son os enterré dans le jardin. Mais une vilaine herbe a pris racine dessus. Rex asperge donc l’herbe de Roundup, gratte la terre et récupère son trésor.

Morale de cette vieille pub télévisée : «Si, comme Rex, vous détestez les mauvaises herbes dans votre jardin, voici Roundup, le premier désherbant biodégradable. Il détruit les mauvaises herbes de l’intérieur jusqu’aux racines. Et ne pollue ni la terre ni l’os de Rex.»

Biodégradable ? Pour Dewayne Johnson, rongé par le cancer, ce produit a été plutôt bio… dégradant. Ce jardinier vient de coûter 290 millions de dollars à Monsanto. Un tribunal de San Francisco a donné raison à cet Américain, qui accuse le fabricant du Roundup d’avoir provoqué son cancer en cachant la dangerosité des herbicides qu’il a pulvérisés pendant des années.

S’il est encore trop tôt pour savoir si cette bombe va retentir jusqu’à chez nous, elle fragilise un peu plus la défense du nouveau couple Monsanto-Bayer.

Ce n’est pas pour rien que Rex le chien a disparu du petit écran : Monsanto avait déjà été condamné en 2009 pour «publicité mensongère». L’affirmation selon laquelle le glyphosate, principale substance active du Roundup, «ne pollue ni la terre ni l’os de Rex» est devenue indéfendable. Rappelons que cet herbicide total tue toutes les plantes, sauf celles qui ont été modifiées pour y résister. Rappelons aussi que depuis les Monsanto Papers, on sait que la firme connaissait la dangerosité de ses produits, et donc, de fait, son manque de transparence sur les emballages.

Ajoutez à cela les milliers de témoignages de victimes qui s’accumulent dans le monde, et il ne subsiste qu’une question : que faut-il de plus pour que les autorités prennent enfin leurs responsabilités ? Car leur inaction ne fait que renforcer la thèse de Robert F. Kennedy Jr. Le célèbre avocat spécialiste de l’environnement, qui a défendu le jardinier Johnson, estime que ce procès a permis de montrer la «corruption des autorités publiques» et la prise en otage des «agences qui sont censées nous protéger de la pollution et de la falsification de la science».

Romain Van Dyck