En Birmanie, la centaine d’étudiants interpellée par la police après une manifestation contre la réforme du système éducatif n’est toujours pas réapparue.
Les familles craignent le pire, alors que leurs enfants voulaient seulement rejoindre Rangoon, l’ancienne capitale et plus grande ville du pays. Dans le meilleur des cas, ils croupissent dans les geôles de la dictature. Dans le meilleur des cas.
Pour ceux qui croyaient encore à l’esprit d’ouverture démocratique du régime, cet évènement devrait rappeler la triste réalité d’un pays qui n’a de cesse de bafouer les droits de l’homme. Entre la violente répression des rebelles karens dans l’est du pays et l’abandon au capitalisme sauvage de son économie, la Birmanie est encore loin du concert des nations démocratiques.
Aujourd’hui, c’est toujours en toute impunité que le général Thein Sein et ses sbires gèrent d’une main de fer le Myanmar, nom donné par la junte au pays. Ils ne craignent pas grand-chose, couverts qu’ils sont par des multinationales complaisantes et des pays occidentaux qui ont d’autres ennemis à combattre.
Alors, le merveilleux site archéologique de Bagan peut bien voir des hôtels fleurir au milieu de ses temples, des opposants au régime peuvent bien être exploités dans des mines de pierres précieuses et des étudiants être emprisonnés arbitrairement, si peu importe à la communauté internationale.
Cette année, les électeurs birmans pourront s’exprimer dans les urnes à l’occasion de l’élection présidentielle. Mais ils savent déjà que le résultat est couru d’avance. La prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi ne devrait pas pouvoir se présenter, une nouvelle fois, car elle a épousé un étranger. Le président Thein Sein devrait fêter une nouvelle victoire, digne héritier qu’il est du terrifiant Than Shwe. Aura-t-il, avant cela, libéré les étudiants gênants, retiré l’armée des territoires karens, refusé la corruption organisée du régime ? Poser ces questions, c’est malheureusement déjà y répondre.
De notre rédacteur en chef adjoint Christophe Chohin