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La culture, privilège luxembourgeois ?

Vous qui nous lisez, avez peut-être eu l’occasion ce week-end de vous détendre en famille devant un grand écran ou de vous rendre au musée; peut-être prévoyez-vous d’assister, ces jours-ci, à une pièce de théâtre. On peut en tout cas le dire haut et fort, s’en réjouir : la culture revit au Luxembourg. Vu de l’extérieur, on pourrait même parler d’un autre «privilège luxembourgeois».

On sait qu’il est difficile, en temps normal, de défendre la culture, même ici. Alors quand les gouvernements décident de ce qui est essentiel et de ce qui ne l’est pas, on n’est qu’à moitié surpris que les lieux de culture entrent dans la seconde catégorie. Les grands magasins, par contre…

La ministre Sam Tanson, elle, dit n’être «pas fan de ce genre de comparaisons». Comparons donc ce qui est comparable : quand les salles avaient ici déjà repris du service depuis quelques jours, jeudi dernier, la ministre française de la Culture, Roselyne Bachelot, a elle annoncé que les mesures en vigueur de l’autre côté de la frontière ne seraient pas revues pendant plusieurs semaines encore. Des mots prononcés sans véritable empathie, dans un froid glacial que même une citation de Pablo Neruda en guise de pirouette finale n’a su réchauffer. Rassurons-la : oui, «le printemps est inexorable». La preuve : malgré la neige, les salles luxembourgeoises bourgeonnent déjà.

À y regarder de plus près, la réouverture de la culture au Grand-Duché n’a rien d’un privilège. Le deuxième confinement a été décidé en même temps qu’au Kinneksbond de Mamer, on répétait une pièce sur le lien entre pandémie et privation des libertés fondamentales; ironique, non? (Inutile de préciser que sa représentation n’a pas eu lieu.) C’est pourtant bien ce qu’il en est du confinement de la culture : une privation de s’éduquer, de penser, d’admirer. Cela doit-il être un privilège?

La réponse est non, et elle ne le sera jamais. Sa réouverture, tout au plus, est une chance que chacun aura à son tour. Une erreur transformée en exemple. C’est accepter, enfin, que la culture est vraiment essentielle. Jusqu’au prochain confinement…

Valentin Maniglia

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