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La course aux milliards

Le ministre français de l’Économie, Eric Lombard, était à Metz vendredi. Il a profité de cette visite pour effectuer un bain de foule au cœur du marché couvert, situé juste à côté de la cathédrale. Il a pu aller à la rencontre des habitants et des commerçants pour prendre le pouls de l’opinion publique concernant les annonces chocs du Premier ministre, François Bayrou, qui est à la recherche de 43 milliards d’économies pour boucler son budget. Deux jours fériés en moins, niches fiscales qui vont disparaître, collectivités locales appelées à se serrer la ceinture… la liste est longue. Et les frontaliers français risquent aussi, par ricochet, de subir les affres de cette période d’austérité. Le Luxembourg également.

Il est déjà clair que l’application de la convention fiscale franco-luxembourgeoise pour les couples dont l’un des membres travaille au Luxembourg et l’autre en France, restera en vigueur après une première application cette année. Pour résumer, certains de ces couples qui dépassent un certain seuil de revenus cumulés paieront un peu plus à l’État français.

Autre piste empruntée par le pouvoir à Paris : les indemnités chômage. Les frontaliers ont échappé l’année dernière à un coup de rabot des indemnités françaises en cas de licenciement au Luxembourg. Mais ils doivent aujourd’hui «accepter» un travail en France s’il correspond à leur profil et même s’il est beaucoup moins payé qu’au Luxembourg. L’indemnisation peut être aussi dégressive et moins longue qu’auparavant. Aujourd’hui, le gouvernement français risque de durcir encore les conditions d’indemnisation du chômage et de se tourner vers le Grand-Duché pour lui demander d’assumer sa part, comme cela devrait être théoriquement le cas.

Le pays paye en effet les trois premiers mois d’indemnisation, au lieu de cinq. Les discussions, car il y en aura, s’annoncent serrées. Il y a aussi la question du coût financier du développement des communes françaises à la frontière (écoles, services publics…), dopé par l’attractivité du Luxembourg et par l’arrivée de néofrontaliers en France, car ne trouvant pas de logements abordables au Grand-Duché. De nouveaux venus qui payent leurs impôts au Luxembourg et qui coûtent à la France. La prochaine Commission intergouvernementale franco-luxembourgeoise risque d’être animée.