Aveu d’échec ou sincérité crue? La semaine dernière, le bourgmestre de Berlin, Michael Müller, a estimé que le camp politique ne disposait plus de leviers pour obtenir des avancées majeures dans la campagne de vaccination anticovid. L’action des édiles de la capitale allemande ne s’est pas limitée à une ordinaire opération d’information et de sensibilisation. Les Berlinois ont pu se faire vacciner dans des galeries commerciales, sur des parkings ou encore dans des discothèques. À travers le monde, bon nombre d’autres incitations à se faire immuniser ont vu le jour. Des pizzas gratuites en Israël, des saucisses grillées en Allemagne, la bière et même de l’argent aux États-Unis, des bijoux en or en Inde : la liste des actions insolites est longue.
Au Luxembourg, tous les voyants étaient au vert avant le début de l’été. Dans les centres de vaccination, quelque 50 000 unités du sérum étaient administrées hebdomadairement. Depuis lors, la campagne stagne. Lundi, seules 76 (!) doses ont trouvé preneur, dont aucune au centre de vaccination de la halle Victor-Hugo, le dernier à être encore ouvert. La semaine écoulée, la moyenne quotidienne de vaccins injectés a tourné autour de 1 000 doses.
Face à cette évolution, le gouvernement a décidé d’augmenter la pression sur les personnes non vaccinées. Quelque 72 % de la population adulte dispose d’un schéma vaccinal complet. Un citoyen sur quatre de plus de 18 ans n’est donc pas encore protégé. Les plus de 50 ans sont vaccinés à 80 %. Seuls les deux tiers des 25 à 49 ans (65,7 %) sont aujourd’hui immunisés. Seulement 15 % des 12 à 18 ans ont pris la décision de se faire vacciner.
Si la fin des tests PCR gratuits représente le bâton, la perspective de lever (toutes) les restrictions si une couverture vaccinale de 85 % est atteinte constitue la nouvelle carotte pendue devant le nez des citoyens. Cela sera-t-il suffisant pour convaincre les non-vaccinés? Rien n’est moins sûr, même si le succès de la vaccination mobile et le nombre de rendez-vous pris dans les cabinets médicaux sont source d’espoir. Pour gagner la bataille contre le covid, il sera toutefois primordial de ne pas briser le fragile équilibre qui caractérise le principe du bâton et de la carotte.
David Marques