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La « caravane » est humaine

Les images sont fortes, touchent, déstabilisent aussi. Mais interrogent surtout. Depuis le 13 octobre dernier, plusieurs milliers de Centre-Américains, des Honduriens en majorité, ont pris la route à pied vers les États-Unis. Ils ont franchi en force la frontière mexicano-guatémaltèque le 19 octobre. Le Mexique, après avoir tenté de stopper la caravane à la frontière avec des policiers antiémeute, la laisse désormais progresser sur son sol, parfois escortée par des policiers fédéraux et surveillée depuis des hélicoptères. Et aujourd’hui, ils sont encore quelque 4 000 (contre 7 000 au départ : certains ayant décidé de s’arrêter en route ou ayant préféré retourner en Amérique centrale) actuellement en train de marcher dans le sud du Mexique en direction de Mexico. Vendredi soir, ils ont rejeté à main levée le plan d’aide proposé par le président mexicain, Enrique Peña Nieto, et baptisé «Tu es dans ta maison». Ce plan offrait une couverture médicale, de l’éducation pour leurs enfants et du travail temporaire à condition qu’ils déposent des demandes d’asile dans les États du Chiapas et d’Oaxaca, au sud du pays. Et pour l’heure, le Mexique n’a reçu «que» 1 743 demandes d’asile de personnes, présentes dans la «caravane de migrants», surnom donné à cette foule de personnes en marche vers les États-Unis.
Face à cette «caravane» humaine, la réponse du Mexique est humaine. Mais celle de Donald Trump ne devrait pas l’être. Le président américain a annoncé que 800 militaires supplémentaires allaient être envoyés à la frontière et il pense procéder par décret pour empêcher les hommes, femmes et enfants de la caravane d’entrer sur le territoire américain. Bref, du Trump, qui n’a que faire des autres.
Pourtant, cette «caravane» humaine doit nous interroger tous. Comment ces hommes, femmes et enfants en sont-ils arrivés à décider de tout laisser derrière eux pour marcher vers un ailleurs? Ne serait-il pas temps pour les Américains et les Européens de venir en aide d’une manière ou d’une autre aux gens qui fuient leur chez-soi et à leurs pays dont la population prend la fuite? Des réponses humaines sont attendues.

Guillaume Chassing