Dans la pratique ancestrale de la chasse à courre, tant décriée, la stratégie des chasseurs consiste à épuiser le gibier, à l’aide d’une meute de chiens lancée à sa poursuite. Après des heures d’une lutte qui laisse au pauvre animal l’opportunité de s’échapper, la bête est aux abois. Vient l’instant où sonne l’hallali : l’animal est achevé, soit par la meute, soit par un homme muni d’une dague.
Avec l’arrestation de Salah Abdeslam, vendredi dernier, la traque n’a pas cessé. Il n’est qu’un élément de la bête, aux abois. Une bête qui a frappé avec lâcheté Bruxelles, comment pourrait-il en être autrement? Elle ne peut plus se cacher et entend le cor de chasse se rapprocher. Au lieu de renoncer, elle jette ses dernières forces dans une bataille qu’elle va perdre. La bête, attaque après attaque, ne fait qu’unir davantage ses adversaires. Au point de reculer partout et de tenter dans un acte désespéré et abject de montrer qu’elle reste la plus forte.
Mais les imbéciles qui incarnent le monstre n’ont d’autre idéal que le chaos, et quelque vie de luxure promise aux martyrs dans un au-delà utopique. À semer mort et destruction, ils ne servent même plus une cause dans laquelle ils ne croient plus.
Salah Abdeslam, arrêté sans combattre, incarne cette faillite. Il s’est caché pendant des mois avant de céder. L’État islamique, qui a revendiqué les attentats de Bruxelles, n’a pas voulu perdre la face et a «activé» une unité de kamikazes, selon ses revendications. Il a frappé au hasard, au milieu d’un aéroport et du métro bondés. Il croit incarner l’islam mais n’est que néant, sans autre idée que celle de détruire.
La bête est aux abois et regarde, essoufflée, la dague se rapprocher. Elle mord encore, violemment, sans discernement, dans un ultime sursaut de barbarie. Et les victimes innocentes tombent. À Bruxelles comme à Paris, à Bamako comme à Naïrobi. Des victimes qui rappellent qu’il faut en finir, maintenant, avec l’État islamique. Et que la meute fasse curée de la bête.
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)