Depuis mardi soir, la France s’interroge, une nouvelle fois, sur les signes du religieux, de ceux qui ont eu pour conséquence l’attaque d’un enseignant juif par un lycéen de 15 ans à Marseille. La victime portait une kippa et l’attaque est la seconde du genre dans la cité phocéenne, après celle du 18 novembre dernier.
À chaque fois, les victimes ont été ciblées parce que juives. Mardi, le président du consistoire israélite de Marseille, Zvi Ammar, a «conseillé à la communauté juive de la ville, provisoirement, de ne pas porter la kippa». Ce qui a provoqué une levée de boucliers d’une classe politique qui assure que porter cette calotte n’est pas dangereux.
À l’Assemblée nationale, mercredi, quelques députés ont même arboré une kippa pour afficher leur soutien aux victimes. Cette même Assemblée nationale qui a mené le combat de la laïcité. Car au-delà de la folie des actes des bras armés de l’État islamique, soldats lobotomisés et sans cause, ces faits divers sont l’illustration de l’abandon de toute idée de laïcité dans les rues françaises. Les fameux «signes ostentatoires» interdits dans les écoles publiques mais affichés dans les rues et dans les établissements confessionnels sont, indubitablement, la source de tensions. Au point qu’il n’y a pas de bon choix, sinon celui de l’État de droit, qui autorise les citoyens français à arborer leurs signes religieux dans les rues. Mais le «vivre ensemble» rabâché à longueur d’années n’a jamais été autant mis à mal. Et l’indignation de tous ne saurait avoir un effet sur la triste réalité.
Aujourd’hui, des élèves sans histoire, apparemment intégrés, passent à l’acte et deviennent terroristes. À Marseille, le lycéen d’origine kurde s’est revendiqué de l’État islamique, alors qu’en Irak et en Syrie, les Kurdes se battent contre ses soldats. Surréaliste et désolant. Aujourd’hui, en France, des femmes voilées se font agresser, des hommes qui portent des kippas se font poignarder. Ce qui provoque l’indignation attendue mais ne semble pas remettre en cause une politique d’intégration au bord du gouffre de la déchéance de nationalité.
Christophe Chohin