Une véritable icône. Après quinze semaines d’un procès titanesque, Gisèle Pélicot peut enfin souffler. Les 51 hommes qui comparaissaient au tribunal d’Avignon, accusés de viols sur sa personne, ont tous été condamnés, sans exception. Son mari, Dominique Pelicot, va probablement passer vingt ans derrière les barreaux, la peine maximale encourue.
Un vrai soulagement pour cette femme de 72 ans, qui a porté la culture du viol aux yeux de tous. C’est elle qui a tenu à ouvrir ce procès au monde et, ce faisant, elle a réussi son pari : que la honte change enfin de camp. Les plus pessimistes diront que ce n’est toujours pas le cas. Que la honte reste bien présente dans le camp des victimes. Oui, c’est vrai, il faudra probablement plus qu’un procès de 64 jours pour changer la société. Mais Gisèle aura contribué à sa transformation, plus que quiconque.
Elle a tendu un miroir au monde. Prouver que le mal peut s’immiscer de la pire des façons dans nos vies. Que le viol n’a pas un visage unique. Qu’il ne se cache pas au fond d’une ruelle sombre. Mais que le violeur peut, au contraire, vous «aimer» pendant 30 ans et vous trahir de la pire des manières.
Dans son allocution à la sortie du tribunal jeudi, Gisèle Pélicot a eu ces mots, très forts : «J’ai confiance à présent en notre capacité à saisir collectivement un avenir dans lequel chacun, femme et homme, puisse vivre en harmonie, dans le respect et la compréhension mutuelle.» Un message d’espoir qu’elle souhaite léguer après son long combat.
Le monde entier a salué son courage, sa dignité. Un centre d’accueil pour les femmes victimes de violences sexistes va même porter son nom en Espagne. Preuve, s’il en fallait, que son combat a dépassé les frontières et touché de nombreuses personnes, femmes comme hommes.
Celle qui s’est battue comme une guerrière range désormais les armes. Passe le flambeau. C’est à présent à nous, tous, de faire honneur à Gisèle et de poursuivre sa bataille. Alors, encore une fois, merci Gisèle. Vous avez été exceptionnelle.