Le piège afghan s’est refermé sur le président américain. Bien malgré lui. Joe Biden avait annoncé au début de cette année que les troupes américaines quitteraient l’Afghanistan avant la date du 11 septembre, une date symbolique qui devait marquer les 20 ans du conflit. Ses concitoyens ont apprécié l’annonce. Les talibans aussi. Le compte à rebours était lancé pour permettre aux fondamentalistes de récupérer ce qu’ils avaient perdu après l’offensive des forces américaines et de leurs alliés. Après les campagnes, déjà conquises depuis bien longtemps, les villes sont tombées les unes après les autres. À Washington, la seule réaction a été de dire que l’évacuation des troupes allait se poursuivre et que la date du retrait total était même avancée au 31 août. L’accélération de ce retrait a provoqué l’accélération de l’offensive talibane. Et Kaboul est tombée avec le chaos que l’on connaît. Le retrait en bon ordre lancé par Joe Biden se termine dans la confusion la plus totale.
Aux États-Unis, les républicains n’ont pas tardé à critiquer le président démocrate et ont pointé du doigt son inertie devant la situation afghane, l’abandon du gouvernement chassé par les fondamentalistes religieux, son souhait de ne pas intervenir, l’échec des renseignements de ses services, la mauvaise préparation de ce retrait qui se transforme en fiasco. Et ces critiques ne risquent pas de se tarir. Hier soir, un attentat à l’une des portes d’entrée de l’aéroport a fait de nombreuses victimes. Le bilan était très provisoire à l’heure où nous mettions sous presse. Des Afghans ont été tués dans cette attaque mais aussi douze soldats américains. L’attaque a été coordonnée : après les explosions, une fusillade a éclaté. L’État islamique serait derrière ce bain de sang. Avec ces pertes, Joe Biden se retrouve à nouveau en difficulté face au peuple américain. L’illusion que l’Afghanistan ne serait plus une base arrière du terrorisme islamiste vient aussi de voler en éclats. L’État islamique est bien là tout comme d’autres branches extrémistes. L’Afghanistan risque de hanter la présidence de Biden bien après le 31 août.
Laurent Duraisin