João n’est pas Jean

Il s’agit certes d’un point de vue personnel, mais l’expérience de Guy Reger dans le travail d’intégration de la communauté portugaise au Grand-Duché n’est pas à remettre en question. Selon le président d’Amitié Portugal-Luxembourg, les préjugés et clichés qui concernent les immigrés lusophones restent encore trop nombreux. Ils ont surtout le fâcheux don de persister alors que les deuxième et troisième générations de résidents d’origine portugaise a entretemps pris leurs marques au Luxembourg.

Le Statec dénombrait début 2019 une communauté portugaise forte de 95 500 personnes. Avec 16%, elle reste la plus importante communauté étrangère vivant au Luxembourg. Son profil a fortement changé ces dernières décennies. Dans un premier temps, attirés pour accomplir des «tâches humbles», les résidents d’origine portugaise ont aujourd’hui intégré une position intermédiaire dans la société. Mais cela n’est pas encore suffisant pour lever toutes les barrières. La communauté indigène et les communautés étrangères continuent souvent à vivre les unes à côté des autres au lieu de se rapprocher et de se mélanger davantage.

Le référendum de 2015 sur l’ouverture du droit de vote aux résidents non-luxembourgeois a fait éclater au grand jour ce fossé. Même si le rejet massif de la proposition était en partie dû à un vote de protestation contre le gouvernement Bettel I, on a pu se rendre compte que dans l’esprit de nombreux citoyens, les «étrangers» peuvent continuer à construire et entretenir les maisons des «Luxembourgeois» sans toutefois avoir le droit de voter sur le plan national.

Affirmer qu’ils n’ont qu’à prendre la nationalité luxembourgeoise est trop facile. Le point de basculement qui verra les détenteurs de la nationalité luxembourgeoise être minoritaires au Grand-Duché n’est plus très loin. L’intégration devrait toutefois primer le passeport. Car sans l’apport des immigrés, le Luxembourg ne serait en effet pas aussi riche, dans tous les sens du terme.

David Marques