James Bond joue au casino parce que c’est dangereux – au cinéma, ce sont des repaires de types louches – et qu’il aime porter des tuxedos.
Dans la vraie vie, c’est ringard et cela peut s’avérer dangereux. Les joueurs risquent de se prendre les pieds dans le tapis et de se faire vraiment mal. 007 n’est en ce sens pas un exemple à suivre, même si, comme les joueurs compulsifs, il est accro aux sensations fortes, drogué à l’adrénaline et qu’il a tout perdu à cause d’un chiffre et d’une interminable partie de poker (cf. Casino Royale).
Y aurait-il une morale dans les James Bond ? Les jeux seraient-ils dangereux ? Non, ce ne sont que des jeux. Les enfants, les chatons, les renardeaux jouent tout le temps et c’est mignon. Un jeu d’enfant est simple et innocent. C’est aussi une forme d’apprentissage.
Alors pourquoi mettre en garde contre lui ? Quand la partie est terminée, il suffit de s’arrêter de jouer. L’image d’un gamin de quatre ans en larmes hurlant «Encore ! Encore !» me vient immédiatement à l’esprit. Le jeu, par les sensations qu’il procure aux joueurs, et ses limites sont plus complexes qu’il n’y paraît. Les empereurs romains l’avaient très bien compris en proclamant «Du pain et des jeux !» pour garder le peuple sous leur coupe et pour le divertir de la réalité. Ils en faisaient des citoyens dociles et inaptes à la critique.
Les jeunes qui passent des heures rivés sur leur console feraient bien d’en prendre de la graine. Le jeu est avant tout une entreprise qui rapporte gros. De tous les jeux, ce sont ceux d’argent qui rapportent le plus. Ils sont souvent pipés pour rapporter plus. C’est pourquoi, sous couvert de divertissement anodin ou sulfureux (au choix), on les trouve partout : dans nos smartphones, aux caisses des commerces, dans les cafés, dans la rue, dans les journaux, même à la télévision. Impossible de ne pas penser au jeu.
Quand on y réfléchit, il y a de quoi perdre la boule. Imaginez le calvaire d’un joueur compulsif pour arrêter de jouer ! Peut-on lui reprocher d’avoir commencé ? Le jeu a autant de facettes qu’un dé. Certaines se touchent, mais impossible de savoir laquelle gagnera la partie.
Sophie Kieffer