Jeunes pousses et vieux débat

Voilà qui va rappeler quelques souvenirs… bons ou mauvais. Une nouvelle pétition vient d’être déposée à la Chambre des députés et est désormais ouverte à signature. Elle demande l’abaissement du droit de vote de 18 à 16 ans. Cela ne vous rappelle rien ? Le document est à signer jusqu’au 18 juillet inclus. Cette pétition obtiendra-t-elle 4 500 signatures pour permettre un débat public à la Chambre ? Nous verrons bien. Mais cette demande permet de faire un voyage dans le temps de quelques années. Oui, en 2015, à l’époque du référendum. Les électeurs s’étaient déjà penchés sur cette question et avaient massivement rejeté l’idée avec 80% des voix. Un résultat sans appel qui a fait mal. Les plus de 18 ans ne voulaient donc pas que les jeunes âgés de 16 à 18 ans puissent donner leur avis. Mais les choses ont quelque peu changé depuis.

Les jeunes de cette tranche d’âge ont rarement été dociles, il faut bien le dire, et ont décidé dernièrement de prendre leur destin en main. Ils ont ainsi organisé manifestation sur manifestation. Puisqu’on leur interdisait de s’exprimer dans les urnes, ils ont décidé de marcher. Oui, marcher et encore marcher, et pas pour n’importe quoi : la planète. Les manifestations qui ont eu lieu ces derniers mois dans le pays ont permis de réveiller certaines consciences, et pas seulement chez les moins de 18 ans. Cette mobilisation a pesé dans les urnes lors des élections européennes et, même si la plupart des manifestants n’avaient pas le droit de vote, leur message est passé auprès de leurs aînés, qui ont décidé de les soutenir tout en étant sensibilisés à cette problématique climatique. La personne qui a déposé la pétition s’appuie bien évidemment sur cet exemple, notamment pour motiver sa demande. «La jeune génération est celle qui vivra avec les conséquences de la politique actuelle», explique-t-il. «Ainsi, il est légitime de donner un droit de vote aux jeunes qui s’intéressent (à) la politique et qui veulent exercer (leur) influence sur la politique.» Imparable. Mais cela sera-t-il suffisant pour effacer le souvenir de 2015 ?

Laurent Duraisin