Vacillant dès le début de son mandat, le gouvernement mené par l’improbable trio composé de Matteo Salvini, Luigi Di Maio et Giuseppe Conte était voué à l’échec dès les premières heures de son investiture.
De manière générale, et les chiffres présentés jeudi par le grand quotidien de Turin, La Stampa (centre droit), le confirment, un gouvernement, en Italie, ne fait jamais long feu. Le troisième quotidien de la péninsule s’est en effet interrogé en ces termes : «Combien de temps dure un gouvernement en Italie ?» Si l’on se base sur les 25 dernières années, un exécutif a une moyenne de viabilité de 616 jours, soit moins de deux ans. Les gouvernements de centre droit ont cependant une durée de vie supérieure à ceux de centre gauche : 835 jours contre 554.
Plus effarant encore, le président du Conseil des ministres italien (le Premier ministre) qui a eu la plus grande longévité depuis la naissance de la République italienne est Silvio Berlusconi, avec 3 339 jours à ces fonctions de chef du gouvernement. Le «Cavaliere» se classe donc «même devant Giulio Andreotti, Alcide De Gasperi, Aldo Moro et Amintore Fanfani», selon La Stampa.
Habitués, voire résignés ou fatalistes, une grande majorité d’Italiens ne fait d’ailleurs plus confiance, depuis belle lurette, aux personnes censées les diriger. Vue de l’extérieur, la situation peut prêter à sourire, mais cette incapacité de gouverner à plus ou moins long terme et selon une certaine stabilité ne peut que décrédibiliser ce pays fondateur de la CECA, devenue CEE, puis UE.
L’impossibilité permanente de trouver des consensus, le fractionnement à outrance des forces politiques, la politisation de la jeunesse italienne poussée à son paroxysme, notamment par le biais de l’influence des «centri sociali», sans parler d’une Ligue qui fait quotidiennement parler d’elle avec ses discours enrobés d’une sauce aux saveurs fascisantes et mussoliniennes, tout cela n’augure rien de très bon pour l’Europe. Si bien que beaucoup d’Italiens ne savent plus à quel saint se vouer : un véritable blasphème…
Claude Damiani