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Irréel pour nous tous

«À quoi va ressembler le Luxembourg ce matin ? Lors d’un lundi normal, les bouchons se multiplient sur les principaux axes routiers, les trains arrivent bondés et avec du retard en gare de Luxembourg, les files de bus s’étirent le long des allées de la capitale, les parents déposent leurs enfants à l’école avant d’aller travailler. À midi, les restaurants se remplissent. En soirée, c’est au tour des bars, théâtres et cinémas de prendre le relais.»

Tels sont les mots écrits en introduction de notre éditorial du 16 mars 2020, au premier jour du confinement. Le choc de la veille était encore présent. En début de soirée, le Premier ministre, Xavier Bettel, et la ministre de la Santé, Paulette Lenert, avaient annoncé des mesures drastiques. La vie telle qu’on la connaissait s’était interrompue du jour au lendemain.

Dans l’interview qu’elle nous accorde, Paulette Lenert admet que «le confinement, c’était irréel (…). Je me souviens m’être dit : « Qu’est-ce que tu fais?« ». Cela fut irréel pour nous tous. Nous qui, au début de l’année 2020, lorsque les premières métropoles chinoises ont été mises sous cloche, ne pensions pas que cela puisse aussi se produire au Luxembourg et en Europe. Pourtant, en ce lundi 16 mars, les rues étaient désertes. Seuls les supermarchés continuaient à être pris d’assaut. Une simple anecdote, si on se remémore ce qui allait suivre : état de crise, couvre-feu, tour de vis décidé la veille de Noël 2020, restrictions liées au statut «3G» (testé, guéri, vacciné) et «2G» (guéri, vacciné), discussions pour ou contre l’obligation vaccinale, violentes manifestations.

«Oui, c’était dur, surtout parce que cela s’étirait et que l’on ne s’imaginait pas qu’on allait passer plusieurs années dans cette situation. Et il y avait une certaine usure à un moment donné. (…) Ce que l’on faisait, c’était trop ou pas assez. (…) Nous étions tout le temps sur la défensive politique (…)», retrace Paulette Lenert. Malgré tout, l’ancienne ministre tient à mettre en avant la «très grande solidarité» ayant prévalu en ces temps irréels. Cette même solidarité devrait prévaloir aujourd’hui avec les personnes qui souffrent toujours des suites du covid. Trop de choses sont oubliées.