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Indigne d’être député

Les représentants du peuple portent, au Luxembourg, le titre d’«honorable». Même si on a assisté dans un passé récent à des dérapages isolés, les bonnes manières et le respect mutuel ont dominé lors de débats parfois très musclés. Mardi soir, un des nouveaux députés élus à la Chambre a toutefois franchi une ligne rouge. Il s’agit de Tom Weidig, de l’ADR. Sur Facebook, l’élu a menacé ouvertement le caricaturiste Carlo Schneider, auteur d’un dessin en lien avec le clash entre le ministre Léon Gloden et l’artiste Serge Tonnar.

«Vous banalisez l’intimidation politique» dont a été victime le ministre du CSV. «Dites-moi où vous habitez, alors quelqu’un pourra venir chez vous, et vous verrez comment c’est drôle d’être menacé», a balancé le député du parti nationaliste. Ce seul commentaire disqualifie Tom Weidig comme «honorable» député. Mais celui qui siège aussi depuis juin au conseil communal de Luxembourg n’en est pas à son coup d’essai. Sur les réseaux sociaux, il n’a eu de cesse de lancer des polémiques sans véritable fondement, y compris scientifique, alors qu’il est détenteur d’un doctorat en physique… Des commentaires très tendancieux, frôlant le racisme et l’extrémisme de droite, étaient aussi à lire à intervalles réguliers sur ses comptes Facebook et Twitter. Tout cela ne semble pas avoir dérangé les électeurs de l’ADR, qui ont propulsé Tom Weidig, le 8 octobre dernier, à la Chambre.

Le néodéputé est un proche de Fred Keup, le président de l’ADR. Les deux ont mené, en 2015, la campagne pour le non lors du référendum constitutionnel. Dans la foulée, les deux compères ont lancé le mouvement «Wee 2050», incorporé partiellement à l’ADR avant les législatives de 2018. Une réprimande de Fred Keup n’est pas à attendre, vu que le chef de file du parti a minimisé, lors de la campagne électorale de l’automne dernier, la présence d’un candidat ayant diffusé du contenu d’extrême droite sur les réseaux sociaux.

Par rapport à ce genre de dérapages, les récents faux pas du ministre Gloden semblent tout d’un coup moins graves. D’ailleurs, hier, Léon Gloden semble s’être repris en défendant la liberté artistique après avoir attaqué frontalement Serge Tonnar quelques jours plus tôt…