Pas moins de 343 universitaires britanniques – pour certains provenant d’institutions aussi prestigieuses qu’Oxford ou Cambridge – ont annoncé, hier, leur intention de boycotter les universités israéliennes et les conférences organisées par ces dernières pour protester contre les «violations intolérables des droits de l’homme infligées à l’ensemble du peuple palestinien».
Si le colonialisme, la politique d’apartheid ou encore la destruction de la bande de Gaza à intervalles réguliers par l’État hébreu sont bien évidemment condamnables, ce genre d’appel au boycott suscite néanmoins un certain malaise, d’autant plus dans le domaine universitaire censé être propice au dialogue et à l’échange.
Car pourquoi appeler au boycott contre Israël et pas contre les États-Unis par exemple ? Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement de Washington passe pourtant son temps à bombarder des pays un peu partout autour du globe pour des raisons plus ou moins fallacieuses sans s’encombrer des milliers de victimes civiles qui en découlent. Les militants qui ont manifesté contre l’opération «Tel-Aviv sur Seine» organisée dans le cadre de Paris-Plages en août dernier auraient-ils fait de même si New York avait été la ville invitée ?
La question se pose également pour le boycott des produits en provenance des colonies. Pourquoi alors ne pas boycotter les multinationales qui vendent des smartphones, puisque le commerce de certains minerais indispensables à leur fabrication finance la guerre en République démocratique du Congo et que les ouvriers qui assemblent ces téléphones en Asie sont quasiment des esclaves modernes ?
Pour faire pression sur Israël et réparer l’injustice dont sont victimes les Palestiniens, il serait sans doute plus utile d’appeler les dirigeants européens à remettre en cause l’accord d’association UE-Israël – extrêmement favorable à l’État hébreu – dont l’article 2 stipule que «les relations entre les parties devraient s’appuyer sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques».
Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)