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Ils sont parmi nous

Ils sont là, parmi nous. Amateurs de jus d’airelle, de sirop d’érable et de poutine (le plat, pas le président russe, peu nourrissant s’il en est), ils vont débarquer par milliers dans les semaines à venir. Armés de leurs crosses de hockey sur glace, de leur terrible accent et vêtus de peaux de bêtes, ils sont peut-être déjà parmi nous.

Ils, ce ne sont pas les fantômes, croquemitaines et sorcières, de sortie en ce jour d’Halloween. Ils, ce sont les Canadiens. Oui, les Canadiens, ces plus ou moins lointains cousins installés depuis quelques siècles outre-Atlantique.

Ces Canadiens terrorisent l’Europe depuis des semaines avec leur effrayant CETA, l’Accord économique et commercial global qui doit construire des ponts sur l’océan pour faciliter les échanges.

Serons-nous bientôt envahis de caribous, de castors ou encore de policiers à cheval? C’est ce que craignent les opposants au CETA, signé hier par le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, et les représentants de l’Union européenne, après une longue période de doute.

Ils ont peur que le texte ne soit qu’une porte ouverte sur l’Amérique du Nord, sans possibilité de retour. Non seulement pour les 35 millions de Canadiens, mais aussi pour les 320 millions d’Américains.

Les Canadiens assurent qu’il n’en est rien, qu’il s’agit d’un simple accord commercial pour rapprocher leur pays d’une Europe de laquelle ils sont si proches, culturellement et politiquement.

Peu de citoyens européens ou canadiens savent vraiment de quoi il retourne quand on en vient à parler de CETA. La peur d’une dérégulation des échanges en a poussé quelques-uns, des deux côtés de l’Atlantique, à crier au loup.

À force de secret, ce CETA est très mal né. Il appartient maintenant aux signataires d’en faire un modèle d’accord, qui saurait en inspirer d’autres.

Il est permis d’en douter, quand bien même la devise du Canada, plus appropriée que jamais aujourd’hui, est un signe d’ouverture à elle seule : « A mari usque ad mare », «D’un océan à l’autre».

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)