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Il y a 175 ans…

Les événements vécus par le Grand-Duché en avril 1848 ont eu droit, vendredi, à une reconstitution théâtrale impressionnante. Il y a 175 ans, le pays se dotait d’une première Constitution démocratique. Cet anniversaire historique a été célébré à Ettelbruck. Pourquoi dans cette cité du Nord ? Le Parlement et le gouvernement de l’époque s’étaient exilés par peur de révoltes à Luxembourg. Ces jours agités, qui ont marqué un tournant pour le pays, ont été accompagnés d’un vent de révolution. La population rurale, trop pauvre pour se nourrir et vivre dignement, s’est retrouvée en première ligne pour pousser les élites politiques à faire des concessions.

C’est ainsi que, dans une salle de classe de l’école primaire d’Ettelbruck, une nouvelle loi suprême a vu le jour. En à peine quatre jours, l’égalité devant la loi et des libertés modernes telles que la liberté individuelle, la liberté d’opinion ou encore la liberté de la presse ont été instituées. Par contre, pas question encore de suffrage universel. En fin de compte, cette Constitution – la première à ne pas avoir été rédigée par le seul monarque – a permis de calmer les esprits sans effusion de sang.

Même si notre époque moderne ne peut pas vraiment être comparée à ce que les Luxembourgeois et d’autres Européens ont vécu au XIXe siècle, l’anniversaire symbolique de la Constitution de 1848 doit servir de piqûre de rappel aux responsables politiques en fonction. Le Grand-Duché n’était pas encore le pays riche qu’il est aujourd’hui. Il existe toutefois des parallèles à établir.

On peut citer l’inflation et la pauvreté qui guettaient tout aussi bien il y a 175 ans que de nos jours la population. Certes, le gouvernement au pouvoir a réussi à anéantir l’impact de la flambée des prix de l’énergie. Mais dans le même temps, les inégalités sociales ne cessent de se creuser. L’an dernier, un résident sur cinq était menacé de tomber dans la pauvreté. Les chiffres pour 2023 ne s’annoncent guère plus reluisants.

On en est certainement encore loin. La gronde sociale peut néanmoins ressurgir dans un avenir plus ou moins proche si la prochaine majorité ne pose pas les bonnes priorités, dans les domaines fiscal et social et en matière de logement. On le sait bien : l’histoire a tendance à se répéter.