Étrange accélération de l’actualité, la semaine dernière, entre un ministre de la Jeunesse, Claude Meisch, qui présentait un rapport sur les 15 à 34 ans au Luxembourg et la révélation, stupéfiante, du passage à l’acte de Steve Duarte au sein des brigades de l’État islamique, bourreau de Daech après avoir grandi au Grand-Duché. Ou quand des données statistiques trouvent leur illustration dans l’horreur.
À l’image des autres jeunes européens, les Luxembourgeois ne sont pas particulièrement heureux, confrontés à un taux de chômage au-delà du raisonnable, à une segmentation de la société et à l’impératif de classe qui les condamne, sauf exception, à la reproduction sociale.
Dans ce sombre tableau, Steve Duarte, dont l’identification formelle par le parquet n’a pas encore été confirmée, fait partie de cette catégorie de jeunes résidant au Luxembourg, sans formation, sans diplôme. Soixante-sept pourcents des jeunes Portugais du pays sont peu ou pas formés, chiffre qui parle de lui-même. Souvent, ils trouvent leur place dans la société dans les secteurs de la construction, du commerce et de la restauration. Souvent, c’est tout ce que cette société a à leur offrir. Steve Duarte n’en a pas voulu. Il se rêvait musicien, il est devenu jihadiste. Comme ces jeunes Français ou Belges qui sont partis en Syrie pour échapper à leur condition, le jeune homme ne s’est pas vu offrir d’idéal, ou au moins un modèle de vie acceptable. Cela n’excuse en rien l’horreur de ses actes, la folie de son discours.
Son profil, comme ceux des jihadistes des attentats du 13 novembre à Paris, est d’une banalité confondante. À priver sa jeunesse de rêve, à lui tracer une voie dont elle ne veut pas, l’Europe la sacrifie chaque jour un peu plus. Le Luxembourg n’a pas échappé à cette tendance et le destin de Steve Duarte montre que le manque d’éducation, l’absence de diplômes et de perspectives ne sont pas une option pour les jeunes.
Ils ont besoin d’utopies plus grandes que celle offerte par le barbare califat de l’État islamique.
Christophe Chohin
Allez, sortez les mouchoirs,
« Il se voulait musicien ». Pourquoi ne l’est-il pas devenu alors ? Je ne connais aucun endroit au monde où il y a des facilités comme au Luxembourg pour apprendre la musique et à moindre coût. C’est une véritable institution. Il y a même une « Bluesschule ». Donc c’est n’importe quoi.
A vous lire, Luxembourg est une espèce de Molenbeek alors qu’on a même pas identifié à coup sûr ce djihadiste luxembourgeois présumé.
Et les Portugais ? Ils ont bon dos. La deuxième (ou troisième) génération , n’a plus rien à voir avec les précédentes : parmi les 25-30 ans, il y a beaucoup de jeunes brillants , polyglottes, parfaitement intégrés dans des secteurs comme la finance, l’informatique, l’enseignement, l’immobilier. Pas seulement dans la construction ou la restauration comme leurs parents. Allez par exemple consulter les statistiques d’engagement des professeurs de langue romane au Luxembourg : ce ne sont ni des Français, ni des Belges, ni des Luxembourgeois : la plupart sont Portugais !
Nous n’avons pas la même lecture du rapport 15-34 ans auquel vous faites allusion.
Evidemment que les chose ne sont pas parfaites. Mais elle n’ont pas cette sombre coloration que vous lui donnez. Franchement, si on commence à pleurer à Luxembourg sur les perspectives d’avenir de la jeunesse, que doivent dire les Français, les Belges, les Grecs, les Espagnols ?