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Il fera jour à… 3 h 30

Fin mars et fin octobre riment avec changement d’heure. Au printemps, le Vieux Continent tourne pour cinq mois le dos à l’heure d’hiver, considérée comme heure «normale» en Europe centrale (CET). La crise pétrolière de 1977 a ancré cette mesure, introduite et abolie à plusieurs reprises depuis le début du XXe siècle. L’objectif était d’épargner de l’énergie en «offrant» une heure de clarté aux pays concernés.

En ce week-end pascal, les horloges vont refaire le saut contesté de 2 h à 3 h. Biorythme dérangé, fatigue, impact négatif sur les animaux domestiques – avec en tête, les vaches laitières… En plus de l’absence (présumée) d’économie d’énergie, les arguments semblent nombreux pour mettre fin à cette procession d’Echternach «chronométrée». Lors d’un sondage réalisé en 2018 à l’échelle de l’UE, 84 % des citoyens interrogés ont appuyé le maintien de l’heure d’hiver sur l’ensemble de l’année. La Commission Juncker n’avait pas tardé à inciter les États membres à endosser le souhait des citoyens. La représentativité du sondage interpelle. Parmi les 4,6 millions de citoyens sondés, 3,6 millions étaient des Allemands, où le débat sur la question est le plus virulent. Le fait que le Parlement européen ait validé le verdict de la «vox populi» ne légitime pas davantage le verdict.

Et puis, ceux qui militent, aussi au Luxembourg, pour abolir le changement d’heure n’ont pas trop conscience des conséquences. Si un consensus – loin d’être acquis – se dégageait pour rester à l’heure «normale», l’est de la Pologne verrait le soleil se lever à… 3 h 30. Si le choix tombe sur l’heure d’été, ce sont les Espagnols qui verraient la nuit tomber dès… 14 h 30. Pas simple donc de trouver une harmonisation, de mise depuis 1996 et que Bruxelles défend bec et ongles. Une réorganisation des fuseaux d’horaire serait une solution, mais est-elle vraiment voulue ?

Le changement d’heure n’est-il pas le moindre mal ? Au pire, «nos» travailleurs frontaliers pourraient être forcés à tourner la montre au quotidien. Et puis, au vu du lourd contexte mondial (guerres en Ukraine et au Proche-Orient, changement climatique, etc.), il urge bien plus que l’UE s’attaque à ces défis majeurs. Le «vol» d’une heure de sommeil pèse finalement peu dans la balance…