Des centaines de jihadistes étrangers sont détenus en Syrie par les forces kurdes et en Irak voisin où ils risquent la peine de mort.
Le ministre américain de la Défense, James Mattis, a exprimé, hier, le souhait de voir chaque combattant étranger pris en charge par son pays d’origine. C’est là que le bât blesse.
Début décembre, le ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson, déclarait : «Un terroriste mort ne peut pas nuire au Royaume-Uni. Aucun terroriste ne devrait être autorisé à rentrer.»
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, s’est dit, lundi à Bagdad, favorable à ce que les jihadistes français soient jugés sur place tout en rejetant la peine de mort du bout des lèvres.
Pour les gouvernements occidentaux, ces citoyens sont une véritable épine dans le pied. La solution de facilité serait de les voir pendus au bout d’une corde pour régler le problème une bonne fois pour toutes.
Mais ce n’est pas si simple. Si l’on est opposé à la peine de mort, alors cette opposition ne peut être à géométrie variable. Difficile de donner des leçons sur les droits de l’homme si l’on accepte que ses propres citoyens subissent le châtiment suprême lorsque cela nous arrange.
Mais surtout, pour la France, le Royaume-Uni ou la Belgique, juger leurs citoyens sur leur territoire serait une façon d’assumer leurs responsabilités. Assumer? En quoi Paris, Londres ou Bruxelles seraient responsables, pourrait-on arguer. Eh bien, ils le sont. Ces jihadistes ne sont pas le fruit des sociétés irakienne ou syrienne. Ils sont nés et ont grandi à Toulouse, Manchester ou Bruxelles.
Ils y sont allés à l’école, y ont travaillé et même parfois voté. Ils sont l’échec de ces pays, pas celui de Bagdad ou de Damas. En se rendant en Irak ou en Syrie, d’une certaine manière, ils se sont comportés un peu comme leurs dirigeants : ils ont agi en envahisseurs, se mêlant de conflits qui ne les regardaient pas, dans des pays dont ils ne connaissaient la plupart du temps ni la langue ni la culture.
Et la situation n’étant pas assez stable en Syrie par exemple, ces jihadistes pourraient s’évader et reprendre les armes. Et ce sont à nouveau les civils syriens qui en subiraient les conséquences.
Nicolas Klein