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Hong Kong résiste toujours

La contestation était trop forte, la colère trop vive. L’exécutif pro-Pékin a dû finalement reculer. Une marée humaine s’est déversée hier encore à Hong Kong pour demander le retrait pur et simple du projet de loi sur les extraditions vers la Chine. Ce texte a, pour l’instant, été seulement «suspendu» par le gouvernement hongkongais. Ce n’est pas assez pour les manifestants, qui risquent de battre le pavé encore plusieurs jours pour arriver à leurs fins. Il s’agit pour eux d’un texte crucial qui risquerait de miner leur liberté. Hong Kong a encore un statut très particulier depuis sa rétrocession à la Chine. «Un pays, deux systèmes», c’est sous ce leitmotiv que s’organise la vie (politique) des habitants. Mais ne nous leurrons pas. Pékin ne s’accommode pas vraiment de cette situation et, selon les manifestants hongkongais, leur libre arbitre est peu à peu rogné par le pouvoir central inquiet devant cet îlot de liberté.

Nouvelle épisode en date de ce travail de sape, donc : la loi sur l’extradition en Chine. D’après ses détracteurs, le texte aurait mis la population de l’ancienne colonie britannique à la merci du système judiciaire de Chine continentale. Un système, selon eux, opaque et sous influence du Parti communiste. On peut les croire… Si le texte passait, on imagine déjà le sort des Hongkongais qui contestent l’autorité de Pékin ou simplement qui protestent contre les décisions des dirigeants chinois.

L’étau se resserrerait encore plus. On se souvient encore de la «révolution des parapluies». En 2014, des centaines de milliers de manifestants avaient défilé concernant le changement de modalités dans l’élection du chef de l’exécutif hongkongais. Pékin voulait notamment présélectionner les candidats… Le projet finalement n’aboutira pas, mais le prix à payer pour les manifestants, des lycéens et des étudiants, a été très lourd. Les leaders de cette protestation ont été arrêtés et placés en détention. Hier, l’exécutif de Hong Kong a annoncé que le leader étudiant Joshua Wong, qui était devenu en 2014 le visage de ce mouvement prodémocratie, allait être libéré. De quoi apaiser la colère des habitants envers la Chine continentale… en attendant la prochaine offensive de Pékin.

Laurent Duraisin