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Henri à l’offensive

La visite d’État en Lettonie a été exceptionnelle à plus d’un titre. Il y a d’abord le contexte de la guerre en Ukraine. Riga est à peine éloignée de 600 km de la frontière russe. En marge de cette visite hautement symbolique, le Grand-Duc Henri a, en outre et contre toute attente, évoqué de supposées tensions à l’intérieur du Palais.

Traditionnellement, les relations entre le Grand-Duché et la Russie étaient étroites. La visite, en mars 2019, du Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, en témoigne. En octobre 2015, son homologue luxembourgeois avait été reçu par le président russe, Vladimir Poutine. Une visite d’État du couple grand-ducal à Moscou a même été évoquée un moment. Le 24 février 2022 restera comme un brutal retour à la réalité. «Il faut quand même dire que le président Poutine a tout détruit, pas qu’avec le Luxembourg», reconnaissait le Premier ministre, Xavier Bettel, début janvier, dans une interview accordée au Quotidien.

Lundi, aux côtés du président letton, Egils Levits, le Grand-Duc Henri n’a pas hésité à qualifier la Russie d’«agresseur». Plus que jamais, il serait «important que l’Europe et l’OTAN fassent preuve de solidarité pour aider l’Ukraine à mettre fin à cette guerre». Le basculement de l’histoire que constitue la guerre déclenchée par la Russie aux portes de l’UE semble, donc, aussi influencer les paroles, d’habitude très posées, du Grand-Duc.

Il est néanmoins à rappeler que, ces dernières années, le souverain a déjà profité de ses allocutions pour mettre en avant des défaillances sociales au Luxembourg. Sa sortie de février 2020 pour défendre son épouse accusée d’être «hors de contrôle» avait fait davantage de bruit. En dépit d’un recadrage en interne, ces mêmes reproches sont réapparus le mois dernier. Interrogé à Riga sur un article publié dans le Land, le Grand-Duc a évoqué des spéculations reprises dans un article qui ne correspondrait pas «à 100 %» aux faits.

Le Premier ministre n’a pas encore réagi à cette sortie peu conventionnelle. Néanmoins, Xavier Bettel devrait être moins irrité par l’offensive du chef de l’État pour dénoncer un criminel de guerre que par son commentaire d’un nouveau dérapage supposé de la Grande-Duchesse, déjà négativement commenté dans la presse people.